Sur l’ardoise, un chiffre : 320 milliards d'euros. C’est ce que la Grèce doit à l'ensemble de ses créanciers. Après deux plans d'aide et une restructuration partielle acceptée par les investisseurs privés en mars 2012, la dette publique grecque est aujourd’hui essentiellement détenue par les pays membres de la zone euro (61%), et dans une moindre mesure par le FMI (10%), la BCE et les banques centrales nationales (8%). Le reste est constitué par d’autres titres de dette et prêts.
Dans cette perspective, ne pas restructurer la dette revient à accepter une incertitude autour du cas grec, avec des répercussions sur le reste de la zone euro, estime l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), qui propose d'évaluer les pertes.
Négocier à la baisse
Depuis sa création, le FMI n'a jamais effacé de dette. C'est donc vers les Européens qu'il faudra se tourner. Les pays membres de la zone euro ont déjà fait plusieurs concessions pour aider la Grèce à assurer le service de sa dette. Ils ont, notamment, réduit les taux d’intérêts des prêts accordés par le Fonds européen de stabilité financière (FESF), restitué les profits réalisés par la BCE et les banques centrales nationales sur les obligations qu’ils détiennent, et différé le paiement des intérêts sur les prêts du FESF.
Mais cela n’a pas suffi pour sortir la Grèce du pétrin. La solution serait, donc, que les pays européens acceptent une décote sur la valeur des titres qu'ils détiennent, comme c'était le cas pour les créanciers privés il y a trois ans.
La facture s'annonce salée
L’addition d'une telle restructuration pourrait s'élever à 100 milliards d'euros. Et la France, que risque-t-elle dans cette affaire ? Deuxième économie de la zone euro, la France est particulièrement exposée à la crise grecque. Si on additionne ce qu’elle a déboursé dans le cadre des deux plans d’assistance à Athènes, la facture potentielle pour Paris pourrait dépasser 40 milliards d'euros. Si cet argent passe à la trappe, ce serait autant de recettes budgétaires en moins. Soit une ardoise de plus de 600 euros par contribuable français.
Seule bonne nouvelle : depuis le plan de restructuration de 2012, les établissements bancaires européens, dont les banques françaises, ont fortement réduit leur exposition à la dette grecque. Selon l’OFCE, les banques disposent de marge d’absorption suffisante en cas de défaut de la Grèce.