Dans un message à la nation télévisé, Alexis Tsipras a réitéré qu'il continuerait les négociations avec les créanciers après le référendum. « Le non ne signifie pas une rupture avec l'Europe mais le retour à l'Europe des valeurs, le non signifie une forte pression » pour continuer les négociations, a-t-il dit.
Il a précisé que « le non n'était pas simplement un slogan mais un pas déterminant pour un accord meilleur ». « Certains disent que j'ai un plan caché pour faire sortir le pays de l'UE en cas de non, c'est un mensonge », a-t-il martelé.
« Le verdict du peuple grec est plus fort que la volonté du gouvernement », a-t-il souligné en assurant que lundi, au lendemain du référendum, le gouvernement grec continuerait d'être « à la table des négociations pour assurer de meilleures conditions dans l'accord avec les créanciers ».
Athènes réclame un prêt de 30 milliards d'euros sur deux ans
Le message télévisé d'Alexis Tsipras est intervenu cinq heures après la publication de nouvelles propositions grecques, qui amendent celles des créanciers publiées la semaine dernière. Athènes réclame un prêt de 30 milliards d'euros sur deux ans par le Mécanisme européen de stabilité (MES), et un règlement de la question épineuse de la dette qui pèse sur les finances publiques du pays.
La nouvelle proposition grecque devait être examinée dans une téléconférence des ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe) ce mercredi en fin d'après-midi. Mais à l'issue de cette réunion, il est apparu qu'aucune discussion supplémentaire n'aura lieu avant la tenue du référendum dimanche 5 juillet.
La chancelière Angela Merkel avait déjà fait savoir que l'Allemagne n'était pas prête à discuter d'une nouvelle demande d'aide d'Athènes avant le référendum de dimanche, son ministre de l'Economie conditionnant même des discussions cette semaine à l'annulation du scrutin.
En revanche, le président français François Hollande avait laissé poindre mercredi son agacement devant les nouvelles péripéties de la crise grecque en appelant à un accord « tout de suite » entre Athènes et ses créanciers européens.
■ Pour l'Eurogroupe, tout débat est inutile avant le référendum
Avec notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet
Alexis Tsipras avait déjà en quelque sorte dicté l’ordre du jour de l’Eurogroupe et c’est apparemment aussi de son fait si la réunion a duré aussi peu de temps, à peine trente minutes. Le gouvernement grec avait écrit pour accepter en fin de compte les propositions des Européens. En l’occurrence, il s’agit du texte encore en pourparlers vendredi soir jusqu’au moment où la délégation grecque est sortie de la salle des négociations, rappelée à Athènes quelques instants après l’annonce du référendum.
Cette acceptation aurait pu être reçue comme une bonne nouvelle par les Européens mais elle était assortie de conditions qui menaçaient de constituer autant de pierres d’achoppement : le maintien d'un taux de TVA plus faible pour les îles grecques, l'étalement des réductions des dépenses militaires, ainsi qu'un délai pour la suppression de l'allocation ΕΚΑΣ de solidarité pour les retraités les plus pauvres.
En fin de compte, les ministres se sont contentés de prendre note de ces propositions mais ont décidé que la campagne pour le « non » réaffirmée par Alexis Tsipras rendait tout débat inutile. Ils ne se reparleront pas avant le référendum, il n’y aura plus d’Eurogroupe, ont-ils affirmé, estimant, comme l’a dit le ministre slovaque des Finances, que ce serait « mettre la charrue avant les bœufs ».