« Nous sommes encouragés par l'engagement fort à combattre l'évasion fiscale et la corruption. » C’est en ces termes optimistes provenant de la Commission européenne qu’a commencé ce mardi matin l’évaluation des mesures présentées par la Grèce à la Commission, au FMI et au 18 autres capitales de la zone euro.
Reste maintenant à voir si ces mesures seront validées lors de la téléconférence de l’Eurogroupe prévue en début d'après-midi (14h), précise notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet. Il faut cependant souligner que le suspense qui a prévalu jusqu’au dernier instant sur l’heure d’arrivée de cette liste est en grande partie due au fait qu’Athènes a tenu, hier lundi, à consulter ses partenaires européens en aval pour s’assurer de proposer des mesures acceptables.
L'évasion fiscale et la corruption dans le collimateur
La liste est divisée en quatre parties et en tête, le gouvernement grec a placé la lutte contre l'évasion fiscale et la corruption, détaille notre correspondante à Athènes, Charlotte Stiévenard. Il s'agit à la fois de repérer ceux qui ne payent pas leurs impôts, mais aussi d'améliorer la collecte de la taxe sur la valeur ajoutée. La Grèce compte également lancer un plan national de lutte contre la corruption. Il visera, par exemple, la contrebande de tabac et de carburant ou encore le blanchiment d'argent.
Le gouvernement grec veut également continuer à économiser. Pas de licenciement de fonctionnaires ou de baisse des salaires, mais pas de hausse non plus et une réorganisation des services et des procédures.
Sur les sujets de discordes avec ses partenaires européens, le gouvernement a choisi une ligne plus douce. Il ne parle par exemple plus d'effacer une partie des arriérés d'impôts. Il veut désormais uniquement différencier entre ceux qui peuvent et ceux qui ne peuvent pas payer. Il n'interdira pas les saisies des maisons de personnes endettées, mais elles devront être évitées dans le cas de personnes à faibles revenus.
Sur la hausse du salaire minimum, la Grèce précise que le cadre et le timing sera décidé en consultation avec les partenaires sociaux, mais aussi avec les institutions européennes et internationales.
Pas de marche arrière sur les privatisations actées
Autre point important, la Grèce ne reviendra pas sur les privatisations déjà actées. Celles qui n'ont pas été lancées seront par contre revues. L'idée sera d'améliorer leurs conditions pour maximiser le profit de l'Etat et éviter les ventes à bas coût, telles que celles faites ces dernières années.
Enfin, dans la dernière partie de la liste, le gouvernement maintient sa position : il veut s'attaquer à la crise humanitaire. Mais là aussi, il cherche à rassurer ses partenaires. Il faudra que ces mesures n'aient pas d'effets pervers sur la fiscalité.
Berlin prudent
Berlin, par la voix du vice-chancelier, a rapidement réagi aux préconisations grecques. « Je suis prudemment optimiste, après la journée de vendredi et celle d'aujourd'hui, que nous avançons pas à pas vers une solution du conflit », a ainsi déclaré Sigmar Gabriel.
Les marchés financiers ont aussi rapidement pris en considérations les réformes prévues par Athènes. Le taux d'emprunt à 10 ans de la Grèce reculait sous les 9% mardi matin sur le marché obligataire en zone euro, les investisseurs se montrant rassurés par les engagements d'Athènes en matière de réformes.