Une « grande partie » des combattants rebelles et leur principal chef Igor Strelkov ont fui Sloviansk, a annoncé le ministre ukrainien de l'Intérieur Arsen Avakov sur sa page Facebook, tôt dans la matinée ce samedi. Peu après cette annonce, le maire de Sloviansk, Vladimir Pavlenko, nommé par les rebelles, a confirmé que les insurgés pro-russes avaient quitté la ville et indiqué que les forces ukrainiennes n'y étaient pas encore entrées. Selon Kiev, en début d'après-midi, c'est chose faite : l'armée aurait pris possession des lieux, et le drapeau ukrainien flotterait déjà sur la mairie de la ville, comme l'avait ordonné le président Petro Porochenko.
« Avant l'aube, les services de renseignement ont rapporté qu’Igor Strelkov [accusé par Kiev d'être un colonel du renseignement militaire russe, ndlr] et une grande partie des combattants ont fui Sloviansk, semant la confusion parmi le petit nombre de ceux qui restent », écrivait ce matin Arsen Avakov. « Ils fuient vers Gorlivka », une ville de 260 000 habitants située à 50 kilomètres au sud-est de Sloviansk, avait ajouté le ministre ukrainien de l'Intérieur. « Les civils se rendent aux points de contrôle et apportent les armes et les gilets pare-balles abandonnés par les combattants. »
Une confusion palpable
Du côté des rebelles, le « vice-Premier ministre de la République populaire de Donetsk », Andreï Pourguine, a dit à l'Agence France-Presse « ne pas être en mesure de confirmer ou de démentir » l'abandon de Sloviansk. « C'est plausible. La ville est pratiquement vide, tandis que les bombardements se poursuivent », a-t-il ajouté. Selon la télévision russe Rossiya 24, les insurgés ont déplacé leur état-major de Sloviansk à Kramatorsk.
Vendredi 4 juillet, Igor Strelkov, à la tête des forces pro-russes de Sloviansk et « ministre de la Défense de la République populaire de Donetsk », avait adressé à Moscou un appel à l'aide, affirmant que sans elle - qu'elle impose une trêve ou prenne la forme d'une intervention armée directe - la ville allait bientôt tomber aux mains des forces de Kiev.
Les efforts diplomatiques mis à mal
La reprise de Sloviansk par l’armée ukrainienne risque d'affecter les efforts diplomatiques pour mettre fin à la crise. Ces efforts, encouragés par les grands pays occidentaux, étaient censés déboucher ce samedi sur une réunion du « groupe de contact » réunissant l'Ukraine, la Russie, l'OSCE et les rebelles, mais la tenue de celle-ci apparaissait incertaine, son lieu n'étant toujours pas fixé en début d'après-midi.
La crise ukrainienne, opposant au départ les russophones de l'est du pays aux autorités de Kiev, a réveillé l'ancienne rivalité Est-Ouest que l'on croyait morte avec la Guerre froide. Dans des échanges indirects, les Américains et les Européens d'une part, les Russes d'autre part, s'invitent mutuellement à faire pression sur leurs alliés ukrainiens respectifs pour sortir de l'impasse diplomatique actuelle.
Avec AFP,