En Ukraine, les séparatistes dans l'Est n'entendent pas se replier

Moscou appelle les Occidentaux à faire pression sur Kiev pour arrêter l'escalade de la violence et empêcher une « catastrophe ». Les rebelles pro-russes dans l'est de l'Ukraine ont abattu ce jeudi 29 mai un hélicoptère de l'armée ukrainienne, faisant 12 morts. L'appareil transportait des hommes pour la relève des troupes et un général des forces du ministère de l’Intérieur. Visiblement, les séparatistes n'ont pas l'intention de baisser les bras face à la démonstration de force de Kiev ces derniers jours. A Donetsk, l’insécurité et une anarchie rampante s'installent.

Avec notre envoyée spéciale à Donetsk, Anastasia Becchio

Ce jeudi après-midi, des hommes en treillis, lourdement armés, ont investi le siège de l’administration régionale, un bâtiment de 11 étages, où siègent les autorités séparatistes pro-russes de la République autoproclamée de Donetsk. On a d’abord cru à un règlement de comptes entre séparatistes, mais les miliciens qui portent un brassard du bataillon Vostok affirment qu’ils sont juste venus pour rétablir l’ordre et dégager la place des pillards.

Sous la garde de ces miliciens, un bulldozer fait place nette : ils enlèvent les barricades, les pneus, les barbelés et autres détritus. Des cartons, des piles de documents sont emportés hors du bâtiment à l’intérieur duquel les bureaux ont été désertés. Il y règne un grand désordre dans une odeur âcre de saleté.

Ces miliciens ont-ils décidé de faire évacuer les lieux pour mieux se préparer à une attaque des forces gouvernementales ? Ils ne répondent pas à la question, mais soulignent qu’ils ont beaucoup d’armes. Ils exhibent d’ailleurs un blindé et un canon de DCA devant le bâtiment.

Le bataillon Vostok a pris part, en début de semaine, aux affrontements meurtriers entre insurgés pro-russes et forces gouvernementales à l’aéroport de Donetsk et dans ses environs. Pendant deux jours, les habitants ont vécu dans la peur des bombardements. Les rues étaient désertes, les magasins fermés. Aujourd’hui, beaucoup ont rouvert, mais entre-temps, un supermarché et plusieurs autres magasins ont été pillés, créant un sentiment d’anarchie. Un désordre que les miliciens armés, qui s’installent à l’administration régionale, disent vouloir contrôler.

→ A (RE) LIRE : Ukraine: un hélicoptère de l'armée abattu, de nombreux morts

→ A (RE) LIRE : Ukraine: «La lutte de la dernière chance pour les séparatistes»

La Russie appelle les Occidentaux à faire pression sur Kiev

Moscou appelle Kiev à faire cesser la « guerre fratricide ». C’est ainsi que le Kremlin continue de désigner l’opération antiterroriste dans laquelle est engagée l’armée ukrainienne pour écraser l’insurrection armée qui mine le sud-est du pays. Dans un communiqué publié jeudi 29 mai, et que notre correspondante à Moscou, Veronika Dorman, a pu consulter, le ministère des Affaires étrangères russe parle des victimes, « des personnes âgées et des enfants ». Il est aussi question de l’aviation et de l’artillerie utilisées contre les civils. Et comme toujours, en face, il n’y a que des « forces politiques » et des « représentants des régions », engagés dans un combat légitime. Pas un mot sur les groupes armés pro-russes qui tiennent plusieurs villes du Donbass à la pointe du fusil.

Des mercenaires du Caucase du Nord

Plusieurs sources indiquent la présence de combattants russes, et notamment de mercenaires du Caucase du Nord, sur le terrain, dans les rangs séparatistes. Mais Moscou continue de nier fermement son implication dans les violences tout en rejetant l’entière responsabilité sur l’Occident. Toujours dans le même communiqué, le ministère des Affaires étrangères russe a appelé ses « partenaires occidentaux à user de leur influence sur Kiev pour empêcher l'Ukraine de glisser vers une catastrophe nationale ».

Négociations d'urgence sur le gaz russe

Le commissaire européen à l'Energie retrouvera ce vendredi des représentants russes et ukrainiens à Berlin pour une nouvelle série de négociations sur les livraisons de gaz russe à l'Ukraine.

Quant aux observateurs de l'OSCE dont l'organisation a perdu la trace, un responsable séparatiste a assuré ce mercredi qu'ils seront relâchés lorsque leur identité et leur plan de route seront clairement identifiés.

Partager :