A 48 ans, l'homme d'affaires, deux fois ministre de précédents gouvernements, arriverait largement en tête, devant l'égérie de la Révolution orange de 2004, Ioulia Timochenko, qui ne recueillerait que 13% des voix selon un sondage de sortie des urnes réalisé par un consortium d'instituts ukrainiens. Le député populiste Oleg Liachko, 42 ans, habitué des déclarations à l'emporte-pièce, arriverait en 3e position à la surprise générale avec 8% des suffrages. Si ces sondages se confirment, M. Porochenko sera élu dès le premier tour à la présidence avec une mission titanesque: mettre fin à l'insurrection pro-russe et pacifier les relations avec la Russie.
« Tous les sondages montrent que l'élection s'est déroulée en un tour et que le pays s'est doté d'un nouveau président », a lancé Petro Porochenko. « Mon premier voyage sera dans le Donbass », le bassin minier de l'Est de l'Ukraine qui réunit les deux régions séparatistes de Donetsk et de Lougansk, a-t-il également déclaré devant des journalistes à son QG de campagne.
Debout derrière un pupitre, auréolé des résultats des sondages de sortie des bureaux de vote le donnant vainqueur avec 40 points d'avance sur sa principale rivale, l'ex-Premier ministre Ioulia Timochenko, Petro Porochenko s'est également déclaré en faveur d'élections législatives anticipées dès cette année. A ses côtés, l'ex-champion du monde du boxe Vitali Klitschko, l'un des leaders de la contestation pro-européenne à Kiev, qui a renoncé à se présenter à la présidentielle pour briguer la mairie de Kiev. Avec succès à en croire des sondages de sortie des urnes le donnant gagnant avec 57,4% des votes des électeurs de Kiev.
♦Aucun débordement de joie sur la place de l'Indépendance
Avec nos envoyés spéciaux à Kiev, Mathias Taylor et Anastasia Becchio
Une poignée de personnes regarde la soirée électorale diffusée sur écran géant sur la place de l’Indépendance, haut lieu de la révolution pro-européenne de cet hiver, quasiment déserte. Sur ce Maidan qui a accueilli des dizaines de milliers de manifestants ces derniers mois, la victoire annoncée de Petro Porochenko ne déclenche pas d’enthousiasme démesuré, comme si elle était acquise depuis longtemps.
« Vous savez, explique Bogdan, originaire de l’ouest du pays qui a voté pour l’oligarque, il y a une expression : le pire des meilleurs ou le meilleur des pires. C'est un peu ce qu'on a. Mais je pense qu'il arrivera à faire quelque chose de bien. C'est positif qu'il veuille unifier le pays. Qu'il veuille ramener la paix, c'est très positif ».
Nikolai, originaire du Donbass, où sévissent les séparatistes pro-russes, est soulagé que Petro Porochenko, pour lequel il a voté, soit en passe de s’imposer dès le premier tour : « Le moindre contretemps sera fatal, parce que la Russie fait pression sur nous. Plus vite nous aurons un nouveau président, mieux ce sera. En tant qu'habitant du Donbass je ne peux que me réjouir qu'il veuille venir dans ma région pour tenter de calmer la situation ».
Petro Porochenko a promis de réserver son premier déplacement au Donbass.