La situation se tend en Crimée

Après le résultat du référendum en Crimée, l'accord d'annexion a été signé par le président russe. Tandis que les condamnations se multiplient de la part des Etats-Unis et de l'Union européenne, l'engagement militaire se renforce sur le terrain. Un soldat ukrainien a été tué mardi en Crimée. Le ministère ukrainien de la Défense a autorisé les soldats ukrainiens présents en Crimée à utiliser leurs armes.

Jusqu’à ce jour, le sang n’avait pas été versé. Mais, selon le ministère ukrainien de la Défense, des soldats russes ont tiré mardi 18 mars sur des soldats ukrainiens. Un soldat ukrainien a été tué lors d'un assaut contre une unité militaire ukrainienne à Simferopol selon le porte-parole de l'armée à Kiev. Aussitôt après l'annonce du décès de l'officier militaire, le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk a condamné ce qu'il qualifie de « crime de guerre ». Il ajoute aussi que, selon lui, le conflit glisse « d'une phase politique à une phase militaire ». Dans ce sens, le gouvernement ukrainien a autorisé ses soldats à utiliser leurs armes afin d'assurer leur sécurité en cas de besoin.

Accélération de la procédure diplomatique

Depuis dimanche 16 mars les évènements se sont succédés très vite. A commencer par les résultats officiels du référendum, lundi 17 mars, avec plus de 96 % en faveur du rattachement à la Russie. Dès lundi midi, le Parlement de Crimée a proclamé l’indépendance de la péninsule et demandé officiellement son rattachement à la Russie. Dans la foulée,  il a annoncé la nationalisation des biens de l’Etat ukrainien et l’entrée de la Crimée dans la zone rouble.

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Lundi soir, Vladimir Poutine signe le décret de reconnaissance de l’indépendance de la Crimée. Et mardi 18 mars dans l'après-midi, le décret de rattachement de la Crimée à la Russie est signé entre les deux Etats. Moscou a donc considéré la Crimée comme un Etat indépendant en l’espace de 24 heures. Le Parlement russe doit encore ratifier une loi en ce sens. 

Une rapidité stratégique

En théorie, la session du Parlement russe,  prévue pour ce vendredi 21 mars, avec l’examen du traité ne sera qu’une formalité. Il s'agit pour la Russie de mettre le monde devant le fait accompli et de profiter de l'euphorie ambiante en Russie et en Crimée pour que ce rattachement apparaisse comme une évidence. A Kiev, le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov a pour sa part accusé Vladimir Poutine de marcher dans les pas des « fascistes du XXe siècle » : « C'est avec l'annexion de territoires d'autres Etats par l'Allemagne nazie qu'a commencé la Seconde Guerre mondiale », a dénoncé Olexandre Tourtchinov. 

D’une façon générale, cette annexion - ou cette intégration de la Crimée à la Russie, cela dépend de quel point de vue on se place -, a été extrêmement rapide. La prise du Parlement de Crimée par les forces pro-russes date du 27 février, il y a moins de trois semaines.

Des réactions internationales en chaîne

L'Union européenne ne reconnaît pas et ne reconnaîtra pas l'annexion de la Crimée et de Sébastopol. Dans les capitales européennes, la condamnation est unanime. « Regrettable, dit William Hague, que la Russie ait fait le choix de l'isolement ». Le ministre britannique des Affaires étrangères a annoncé la suspension de toute coopération militaire avec Moscou. L'Allemagne, via la chancelière Angela Merkel, prône l'ouverture de nouvelles discussions, tout en dénonçant un accord « contre le droit international ». Pour le président français, François Hollande, « Le prochain Conseil européen les 20 et 21 mars doit fournir l'occasion d'une réponse européenne forte et coordonnée à la nouvelle étape qui vient d'être franchie. » Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy a pour sa part annoncé l'annulation d'une rencontre prévue ce mercredi 19 mars avec le président russe Vladimir Poutine à Moscou.

De son côté, le président américain Barack Obama propose une réunion des dirigeants du G7 et de l'Union européenne à La Haye pour débattre de la situation en Ukraine. Cette réunion est une nouvelle façon, si besoin était, de montrer à la Russie qu’elle est chaque jour un peu plus isolée, qu’elle s’exclut d’elle-même du club des pays les plus industrialisés. C’est l’un des axes de la stratégie américaine : renforcer les liens de la communauté internationale contre Moscou. Le voyage du vice-président Joe Biden en Pologne et dans les pays baltes a le même objectif.

La Maison Blanche a par ailleurs annoncé que le décret russe de ce mardi rattachant la Crimée à la Russie va entraîner une troisième vague de sanctions. Certains, au Congrès, demandent à Barack Obama une réaction américaine encore plus ferme, nous rapporte notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio. John McCain juge ainsi qu’il faut taper encore plus fort et plus rapidement. Le sénateur estime que Vladimir Poutine a rouvert les hostilités et que la communauté internationale est engagée, de fait, dans une nouvelle guerre froide.

John Kerry n’est pas plus optimiste. Faisant à propos de la crise ukrainienne un parallèle avec le début de la Seconde Guerre mondiale, le secrétaire d’État américain s’est inquiété « de la ferveur nationaliste qui monte et qui peut se propager d’une manière extrêmement dangereuse ».

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