Jean-Claude Juncker était LE grand favori. Âgé de 59 ans, le Luxembourgeois est membre du Parti populaire chrétien social. Il a été Premier ministre de son pays pendant 18 ans, de 1995 à 2013. Européen convaincu, fédéraliste, il a été aussi, de 2005 à 2013, le premier président de l'Eurogroupe, qui rassemble les ministres de Finances de la zone euro.
Michel Barnier éliminé
A ce titre, il a été en première ligne dans la gestion de la crise de la dette, à partir de 2010. Soutenu par la chancelière allemande Angela Merkel, même si leurs relations ont été parfois tumultueuses, Jean-Claude Juncker avait un seul handicap : il était soupçonné de briguer aussi la présidence du Conseil européen.
Et c'est un peu là-dessus qu'avait misé son concurrent, le Français Michel Barnier, soutenu par les forces politiques de droite de son pays, mais pas par la CDU, le parti conservateur allemand. Il est à noter aussi que le troisième candidat, l'ex-Premier ministre letton, Valdis Dombrovskis, s'était désisté la veille du scrutin en faveur de Jean-Claude Juncker.
Le préféré d'Angela Merkel
Le soutien d’Angela Merkel a été déterminant. Avec le soutien de la chancelière allemande, Jean-Claude Juncker faisait la course en pole position. C’est sans surprise qu’il a battu l'actuel commissaire européen au Marché intérieur.
Angela Merkel est convaincu que Jean-Claude Juncker, ancien président de l'Eurogroupe et donc en première ligne dans la gestion de la crise financière, germanophone, est le mieux à même d’affronter le candidat du Parti socialiste européen, le social-démocrate Martin Schulz, actuel président du Parlement européen. Angela Merkel n’a aucune envie de retrouver à la tête de la commission européenne un socialiste allemand avec lequel elle n’a aucune affinité.
Le PPE n'aura pas forcement la majorité dans la prochaine assemblée. Selon les derniers sondages, les socialistes européens pourraient reprendre l'avantage, ce qui ferait de Martin Schulz le prochain président de la commission.
Jean-Claude Juncker, n’a pas que des atouts : il a présidé pendant 18 ans le Luxembourg, petit pays mais grand paradis fiscal européen. Il a dû renoncer à son poste, il y a quelques mois, après un scandale qui a entaché sa gestion de la principauté. Enfin, il lui faudra se départir de cette image d’homme de la chancelière.