Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
La visite du secrétaire d'Etat américain est en premier lieu symbolique. John Kerry se déplace personnellement pour rencontrer les dirigeants ukrainiens du gouvernement intérimaire, initier un dialogue direct et tenir des discussions que l’on ne peut pas avoir par téléphone. C’est un soutien moral et politique, une manière aussi pour John Kerry de savoir qui sont les interlocuteurs.
Sur le plan économique, Barack Obama a parlé de soutien concret. Sa priorité est que la situation économique de l'Ukraine ne se détériore pas alors que la crise politique n’est pas résolue et que la Crimée est occupée par l’armée russe. Selon un conseiller du président, Washington veut aller vite car l’équipe Ianoukovitch « a laissé les finances dans un état lamentable ». Kiev a des échéances financières auxquelles il lui faut faire face. Et la communauté internationale va devoir se substituer à l’aide russe promise au précédent gouvernement.
Premières sanctions de la part de Washington
Barack Obama a clairement annoncé son objectif d’isoler la Russie et sa décision de faire appel au Congrès américain pour préparer une série de nouvelles sanctions à l’encontre de Moscou. L’éventail est large : il va du gel des avoirs aux interdictions de voyager. Concrètement, tous les accords commerciaux entre les Etats-Unis et la Russie sont passés en revue. Des rencontres prévues dans les jours qui viennent ont été annulées, notamment une réunion sur la coopération énergétique qui devait se tenir à Washington et une autre entre états-majors militaires. L’objectif de la Maison Blanche est d’atteindre la Russie à tous les niveaux.
Washington est donc déjà passé des paroles aux actes avec une première mesure importante. Tard dans la soirée, le Pentagone a annoncé que les Etats-Unis avaient décidé de suspendre leur coopération militaire avec la Russie.
Menaces en suspens de l'Union européenne
En Europe, les ministres des Affaires étrangères réunis à Bruxelles lundi ont exhorté la Russie à prendre « des mesures rapide et concrète de désescalade », exigeant le « repli » des forces déployées en Crimée. Sinon les ministres prévoient des mesures de rétorsion telles que la révision des accord économiques ou la suspension des négociations sur la libéralisation des visas. La menace pèse aussi sur la tenue du G8 à Sotchi en juin prochain. Selon le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, les leaders européens pourraient décider jeudi de mettre à exécutions ces menaces.
De son côté, l'Organisation pour la sécurité et la coopération (OSCE) cherche à mettre sur pied un groupe de contact international pour tenter de régler la crise. Une proposition que la chancelière allemande, Angela Merkel, serait parvenue à faire accepter à Vladimir Poutine.
Ce mardi, l'OTAN doit tenir une réunion de crise sur la situation en Ukraine à la demande de la Pologne qui estime que sa sécurité est menacée. Les ministres de l'Energie de l'UE sont également attendus à Bruxelles.
■ La Russie est intervenu sur « demande » de Ianoukovitch
Lundi soir, la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, convoqué à la demande de la Russie, a de nouveau tourné au dialogue de sourds entre Moscou et les Occidentaux. La Russie est restée inflexible. Le représentant russe Vitali Tchourkine a justifié l’intervention militaire en invoquant une demande du président ukrainien déchu.
Viktor Ianoukovitch a demandé au président russe Vladimir Poutine l'aide militaire de Moscou « pour défendre la population ukrainienne », a indiqué lundi l'ambassadeur russe à l'ONU. Vitali Tchourkine a cité un « message » en ce sens adressé à Poutine dans lequel Ianoukovitch affirme que « l'Ukraine est au bord de la guerre civile à la suite des événements intervenus à Kiev ».