Avec notre correspondant à Athènes, Joël Bronner
Farzana* a 15 ans. Et avec sa famille afghane, ils ont mis un an pour arriver jusqu’au camp de Moria, via l’Iran puis la Turquie. Mineure, la jeune fille explique d’un point de vue d’adulte les difficultés des familles nombreuses, afghanes et syriennes en particulier.
« Presque toutes ces familles ont deux, trois ou quatre enfants. Tous ont besoin d’un endroit pour jouer. Pour les enfants, la situation ici leur est égale, ils ont besoin de jouer et de s’amuser. Si on leur dit qu'il y a nulle part pour ça, alors ils se mettent à jouer avec les ordures, avec tout ce qui traine par terre et ils tombent malades. »
Partir à la recherche du bonheur et vivre l'enfer
Stéphane, un autre migrant du camp, est à peine majeur. Pour ne pas faire la queue pendant des heures pour manger, il saute de nombreux repas depuis trois mois. « Imaginez des jeunes quitter leur pays à la recherche du bonheur. S’il y avait du travail, si toutes les conditions étaient réunies pour vivre dans de bonnes conditions, on ne quitterait pas notre pays pour venir ici. On est venu ici parce que chez nous ça ne va pas. »
Mais dans le camp de Moria, ça ne va pas non plus. Le jeune migrant parle « d’enfer » et dit avoir le sentiment d’être considéré « comme un animal ». À Lesbos, plus de 13 000 personnes sont entassées dans ce qui est le plus grand camp d’Europe, alors que sa capacité initiale n’est que de 3 000 places.
*Le prénom a été changé