Avec notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer
Depuis quelques semaines, les proches de Selahattin Demirtas espéraient fébrilement la libération de l’opposant. Un tribunal avait ordonné, au début du mois, sa remise en liberté provisoire dans le cadre de son principal procès. Certes, l’ancien dirigeant du parti prokurde, le HDP, a été condamné à une peine de prison ferme dans un autre procès, mais au vu du temps qu’il a déjà passé derrière les barreaux – presque trois ans – il aurait pu bénéficier d’une remise en liberté conditionnelle.
A peine ses avocats en avaient-ils fait la demande, jeudi, que le parquet d’Ankara ouvrait une nouvelle enquête contre le leader kurde. Sans attendre, un juge a ordonné son placement en détention préventive. Et tout aussi rapidement, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a exprimé sa satisfaction. « Nous ne les lâcherons pas », a-t-il lancé au sujet des élus pro-kurdes.
Pour les soutiens du HDP, ces propos du chef de l’État sonnent comme un aveu : Recep Tayyip Erdogan fera pression sur la justice chaque fois que son rival Selahattin Demirtas – qui affronte des dizaines de procès – aura une chance d’être libéré.
Un scénario similaire s’était produit l’année dernière, lorsque la Cour européenne des droits de l’homme avait sommé Ankara de libérer l’opposant. Deux semaines plus tard, une cour d’appel confirmait sa peine de prison.