Et si le numéro 2 du parti travailliste était éjecté de la direction ? Tom Watson, qui conteste la ligne de Jeremy Corbyn, a vu passer le vent du boulet vendredi soir ; une motion visant à supprimer son poste avait été déposée. Elle a été retirée de l’ordre du jour ce samedi sur intervention du chef du parti.
Jeremy Corbyn veut des élections avant un référendum quand Tom Watson répète qu’il veut l’inverse. Cela ne sera pas le motif d’un règlement de compte au sommet donc, mais le mal est fait : un nouvel étalage des graves divisions au sein du camp travailliste. De quoi affaiblir encore un parti qui a déjà pris une claque aux européennes de mai dernier, 13,6 % des voix, près de 11 points de moins en 5 ans.
Homme politique le plus détesté du pays, Jeremy Corbyn dirige, à 70 ans, un parti de près de 500 000 adhérents. C’est trois fois plus que son rival conservateur, sauf que si des élections avaient lieu demain, les conservateurs l’emporteraient. Drôle de climat de rentrée donc pour un parti qui s’apprête à entrer en campagne.
Le dirigeant travailliste va désormais tout faire pour recentrer le débat sur les réformes que propose son parti mais il n’est pas sûr qu’il y parvienne car le problème de fond demeure : Jeremy Corbyn refuse obstinément de prendre position pour ou contre le Brexit. Son projet en cas de victoire lors des élections serait d’« obtenir un accord de retrait raisonnable avec Bruxelles dans les trois mois et, dans les six mois, de le soumettre au peuple par référendum » mais en restant neutre, analyse notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix. Or de nombreux militants pro-européens veulent voir le Labour s’engager clairement à faire campagne pour rester dans l’UE et vont tenter de faire approuver en force un vote en ce sens au Congrès de Brighton…
Des élections anticipées sont attendues en Grande-Bretagne d’ici à la fin de l’année.