Avec notre correspondant Moscou, Étienne Bouche
En arpentant les boulevards de la ville malgré l’interdiction, les manifestants n’ont pas seulement protesté contre l’absence de candidats d’opposition au scrutin de dimanche 8 septembre.
Pour Elena, 59 ans, cette éviction est la goutte qui fait déborder le vase : « Ce qu’il se passe dans le pays, c’est du grand n’importe quoi. Il n’y a pas tribunaux dignes de ce nom, pas d’avocats, les gens ne sont pas protégés, on leur crache dessus en permanence, et c’est la même chose avec les élections, on ne peut pas choisir. C’est ça qui est terrible : rien ne dépend de nous. »
Rouslan, 25 ans, n’a jamais été très intéressé par la politique, mais il estime qu’il n’est plus possible de rester à l’écart. Rouslan ne se fait d’illusion, cette manifestation n’influencera pas le pouvoir, mais elle doit susciter une prise de conscience de la population.
« Quand les gens comprendront qu’il faut descendre dans la rue, changer le cours de choses dans notre pays, changer de dirigeants, la situation tournera, dit-il. Mais pour le moment, nous n’en sommes qu’au commencement. »
La plupart des meneurs de l’opposition ont enchaîné les courtes peines de prison, ce qui n’a pas permis de casser la mobilisation. L’organisation d’Alexeï Navalny, le Fonds de lutte contre la corruption, fait quant à elle l’objet d’une enquête pour « blanchiment ».
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