Pologne: démission soudaine du vice-ministre de la Justice

La démission de Lukasz Piebiak mardi 20 août de son poste au sein du gouvernement intervient quelques heures seulement après les révélations du site d’information Onet.pl. L’ex-ministre aurait organisé une campagne de haine et de diffamation sur internet et par courriers anonymes. La cible : des juges critiques à l’égard du pouvoir ultra-conservateur et de ses récentes réformes très contestées de la justice.

Avec notre correspondant à Varsovie,  Thomas Giraudeau

Le site d’information Onet.pl publie les échanges entre le vice-ministre de la Justice et une femme prénommée Émilia.

Celle-ci a envoyé à des milliers de personnes des courriels et courriers anonymes colportant de fausses informations sur un juge polonais, critique du pouvoir actuel.
La campagne diffamatoire a été validée par le vice-ministre, qui a même donné à Émilia des informations confidentielles et l’adresse de plusieurs destinataires des courriers.

Paulina Kieszkowska-Knapik est avocate à Varsovie. Elle participe à l’initiative « Tribunaux libres » : « C’est la première fois qu’un membre du ministère est impliqué dans des activités criminelles de diffamation, de diffusion de données personnelles et d’envoi de ces données à des personnes non autorisées. Ce n’est pas seulement dégoûtant, c’est illégal. »

Lukasz Piebiak a démissionné pour ne pas remettre en cause, dit-il, « le succès des réformes judiciaires qu’il a menées ». Depuis leur mise en œuvre, des juges critiques à l’égard du pouvoir font aussi l’objet de procédures disciplinaires.

« On pouvait imaginer que cela arrive, mais c’est très choquant que cela vienne du vice-ministre de la Justice, qui est lui-même un juge. Que vont penser les citoyens polonais des gens au pouvoir ? Vous ne pouvez pas collaborer avec des haineux. »

Le vice-ministre de la Justice a annoncé qu’il portait plainte contre le site d’informations. Il dénonce des calomnies à son sujet.

→ Réécouter : Pologne: l'indépendance de la justice en péril

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