Sur les vingt-deux partis en lice, cinq ont de bonnes chances d’entrer au Parlement, parmi lesquels, deux ont été nouvellement créés. C’est le cas de « Serviteur du peuple », la formation de Volodymyr Zelenskiy, baptisée du nom de la série télévisée dans laquelle l’actuel chef de l’État incarne un enseignant devenu président par hasard.
La lassitude des Ukrainiens à l'égard de l’ancien système n’est pas retombée. Trois mois après avoir désigné président un novice en politique, les électeurs s’apprêtent à élire des députés sans expérience.
Un seul parti, plusieurs idéologies
Le parti de Volodymyr Zelenskiy a choisi d’exclure de sa liste les anciens parlementaires et de privilégier des personnalités souvent jeunes, issues de la société civile, du monde de l’entreprise, des militants ou des célébrités sans expérience politique. Leur manque d'expérience devrait être pallié avec du temps, le parti a prévu des cours pour jeunes députés, tandis qu'un programme de formation des nouveaux députés est en préparation, financé par l’agence américaine USAID.
Mais sur le plan idéologique, il pourrait y avoir des problèmes, estime Volodymyr Fessenko, politologue du centre Penta à Kiev. « Il s’agit d’un parti très bigarré, très hétérogène. Il y a des gens qui ont des vues très pro-russes et d’autres qui ont une approche plus guerrière et patriotique. Il y a des libéraux progressistes et des conservateurs. Or, comme le groupe parlementaire sera grand, il sera difficile à contrôler et cela sera un problème. C’est pourquoi, au bout d’un certain temps, il pourrait y avoir des défections .»
Vers la formation d'une coalition
Malgré son avance dans les sondages, il semble peu probable que « Serviteur du peuple » obtienne suffisamment de mandats pour avoir une majorité absolue. Mais il ne devrait pas avoir « beaucoup de difficultés à monter une coalition », d'après Volodymyr Fessenko. « Tout d’abord, le parti de Zelensky va tenter d’attirer de façon individuelle des députés élus au scrutin majoritaire, que ce soit dans le parti ou dans la coalition », puis il cherchera des alliances avec d'autres formations.
Créé il y a un mois, le parti Golos, en français « la voix », de Svyatoslav Vakartchouk, le chanteur du plus célèbre groupe de rock d’Ukraine serait un partenaire intéressant. S’il passe la barre des 5 % de suffrages pour entrer au Parlement, il pourra s’allier au parti présidentiel.
Parmi les formations plus traditionnelles, le parti Batkivchtchina (Patrie) de Ioulia Timochenko pourrait également, en cas de négociations fructueuses, entrer dans la coalition présidentielle.
Les deux autres partis, assurés d’avoir des élus, la Plateforme d'opposition pro-russe et le parti de Petro Porochenko, seront dans l’opposition.