Dimanche 30 juin, le dîner a commencé avec 3 heures en retard pour consultations entre chefs d’État, signale notre envoyée spéciale à Bruxelles, Anissa El Jabri. Et ce même dîner a été suspendu au bout d’une heure à peine pour de nouvelles consultations. Les discussions à vingt-huit ont repris vers 3h du matin. L’accord préalable du G20 à Osaka avec le social-démocrate Frans Timmermans à la tête de la Commission européenne a du mal à passer.
Ce qui compte au fond, c’est la crise au sein de la droite européenne. Pour la première fois dans un Conseil européen, l’autorité d’Angela Merkel est contestée, y compris dans son propre parti, la CDU. La chancelière avait bien donné son approbation au compromis du G20 d’Osaka. Un social-démocrate à la tête de la Commission contre le perchoir du Parlement au candidat de la droite, Manfred Weber. Mais voilà, certains pays, qui disent avoir le sentiment d’avoir été écartés des décisions, refusent ce choix. Puis Frans Timmermans, ce polyglotte expérimenté, a, face à lui un bloc du refus : les pays du groupe de Visegrad. Pologne et Hongrie en tête lui en veulent : le Néerlandais a pesé dans le déclenchement des procédures pour violation de l’État de droit.
Le travail de concertation a été à la charge de Donald Tusk tout au long de cette longue nuit bruxelloise. Le président du Conseil européen a aussi testé d’autres noms, comme celui du Français Michel Barnier.
Les Français pensent à la direction de la BCE
Sauf que les Français, eux, pensent à un autre poste : la direction de la BCE vacante à l’automne. Le « sushi deal » comme on dit au PPE pour parler de la solution envisagée au G20 d’Osaka est donc toujours sur la table avec le perchoir du Parlement européen au chef de file du PPE, Manfred Weber.
Le Parlement européen qui doit élire son président ce mercredi. S’il faisait son choix avant un accord des chefs d’État et de gouvernement, ça serait une pièce du puzzle déjà en place avant les autres. Une contrainte pour les Vingt-Huit « pas souhaitable » dit une source européenne, car « pas logique politiquement et institutionnellement ». Paris et Berlin veulent d’ailleurs tout faire pour trouver un accord à ce sommet.
Encore un autre sommet ?
Cependant, un nouveau sommet sera peut être nécessaire pour boucler un accord, écrit l'AFP. La date du 15 juillet est évoquée: elle correspond à la deuxième session du Parlement européen, issu des élections de mai. A l'issue de ce nouveau rendez-vous sur les postes clés, l'accord pourrait être limité à la seule présidence de la Commission, comme en 2014. A l'époque, un sommet extraordinaire avait été convoqué fin août pour nommer le président du conseil et le chef de la diplomatie.