Allemagne: l’ombre de l'extrême droite plane sur le meurtre d'un élu

La politique d'accueil des migrants de l'Allemagne en 2015, que soutenait un responsable politique de la CDU, pourrait avoir conduit un extrémiste de droite à le tuer.

Stephan E., un homme de 45 ans, menait en apparence une vie des plus anodines dans un pavillon de la banlieue de Kassel où il habitait avec sa famille. Pourtant, la police le soupçonne grâce à des traces d’ADN retrouvées sur les habits de la victime d’avoir tué à bout portant au début du mois Walter Lübcke, un membre de la CDU et responsable régional qui avait défendu en 2015 l’accueil de nombreux réfugiés. Il avait été retrouvé le 2 juin sur la terrasse de sa maison de Wolfhagen, baignant dans une mare du sang.

Lors d’une réunion publique, il avait conseillé aux personnes ne partageant pas ses valeurs de quitter l’Allemagne. Walter Lübcke figurait sur des listes d’ennemis à éliminer de groupes néo-nazis et avait été régulièrement menacé, indique notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut. Son décès avait déclenché sur les réseaux sociaux une avalanche de commentaires, dont de nombreux saluant ce meurtre.

D’après la presse allemande, le suspect a été condamné dans le passé pour une tentative d’attaque contre un foyer de migrants en 1993. En 2009, il avait participé avec 400 militants néo-nazis à une opération violente contre un rassemblement de la confédération des syndicats. « Dans l'état actuel des investigations, nous partons du principe que nous avons affaire à un arrière-plan d'extrême droite », a déclaré à la presse le porte-parole du parquet pour expliquer les motivations de cet assassinat qui a provoqué une vague d'émotion en Allemagne. La chancelière Merkel a qualifié la nouvelle de « déprimante ».

Si le mobile politique devait être confirmé, il s'agirait du premier meurtre de cette nature depuis les attentats de la Fraction armée rouge à partir des années 1970. En 1981, ce groupe d'extrême gauche avait tué un ministre régional de l'Économie, membre du parti libéral FDP. Il s'agirait en outre du premier homicide d'un élu motivé par des idées radicales de droite depuis la Seconde Guerre mondiale.

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