Avec notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot
« À l’est, là-bas, c’est Moscou et il y a un village qui s’appelle Maslovo : c’est l’un des points les plus proches de Moscou où les Allemands ont réussi à aller », explique une bénévole.
En file indienne, les bénévoles avancent dans une forêt où plusieurs centaines de soldats allemands et soviétiques se sont affrontés à l’automne 1941. Alexeï sert de guide, avec sa pelle et son détecteur de métaux. « Là où nous avons creusé, il y avait des tranchées pour un petit groupe de soldats, montre l’homme, qui revient ici année après année. Ici, c’était pour vivre, et là pour se cacher et pour tirer. »
L’espoir du groupe de bénévoles est de trouver les restes de soldats soviétiques, pour pouvoir ensuite leur donner la sépulture qu’ils n’ont jamais eue.
« Nous avons déjà réussi à identifier un soldat, et à retrouver son fils, raconte Anton, la barbe noire et treillis militaire, qui participe à ces fouilles depuis près de vingt ans. Cet homme avait cinq ans quand son père est parti se battre et aujourd’hui c’est un vieillard. Il est venu pour l’enterrement, on lui a transmis le médaillon et ce petit bout de papier sur lequel son père avait écrit son nom. C’était très émouvant. »
Mais il est très rare de pouvoir identifier les soldats soviétiques tombés au combat. En 1941, nombre d’entre eux sont partis au front sans porter de médaillon. On estime à plus de deux millions le nombre de soldats qui n’ont pu être identifiés, ou dont les corps n’ont jamais été retrouvés.