Brexit: au Royaume-Uni, la crainte de manquer de médicaments faute d'accord

Après avoir rencontré Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, mercredi 21 novembre 2018, Theresa May annonce qu'elle retournera samedi à Bruxelles à la veille du sommet extraordinaire qui doit entériner l'accord de sortie du Royaume-Uni de l'UE. Après cette étape, la Première ministre britannique ne sera pas au bout de ses peines, puisqu'elle fait face à une fronde dans sa majorité. En l'état actuel des choses, un vote du texte au Parlement britannique pourrait se solder par un rejet. La perspective d'un « no deal », d'une sortie sans accord de l'Union européenne, inquiète de nombreux acteurs et en particulier plusieurs secteurs comme l'industrie pharmaceutique, qui redoute des pénuries de médicaments.

Avec notre envoyée spéciale à Londres,  Anastasia Becchio

Acheter des médicaments à la pharmacie : c'est ce que fait régulièrement Roger Bridgmon pour son petit-fils. « J'ai un petit-fils qui est très malade, il est hémophile. Les médicaments qu'il prend viennent du Danemark, c'est pour ça qu'on est inquiets. »

Même si l'industrie pharmaceutique a été priée de stocker des médicaments, une sortie de l'Union européenne sans accord aura des conséquences, prévient Martin Sawer, directeur de HDA, qui représente les acteurs de l'approvisionnement pharmaceutique : « Il y a des risques de pénurie après le 29 mars si on sort sans accord. Chaque semaine, on importe 37 millions de boîtes de médicaments de 27 pays de l'UE. »

Comme les médicaments, la nourriture pourrait aussi se faire plus rare. Le professeur Tim Lang, de la City University of London, a publié de nombreux rapports pour tenter d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur les risques du Brexit pour l'alimentation, sachant que le Royaume-Uni importe 30% de ses produits de pays européens.

« Les entreprises auxquelles j'ai parlé disent qu'en cas d'absence d'accord, 30 jours après la sortie, fin avril, on aura des problèmes. Les entreprises se tiennent prêtes à passer de cinq jours de stocks à 12 jours, mais elles ne pourront pas stocker trois mois. Je pense que c'est complètement fou : le gouvernement et l'opposition ont complètement ignoré ce thème de l'alimentation et ils commencent à peine à prendre conscience des risques. »

Autre crainte du professeur Lang : le Brexit pourrait aussi signifier une dégradation de la qualité et de la sécurité alimentaire.

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