Avec notre envoyé spécial à Wiesbaden, Pascal Thibaut
En Allemagne, tous les regards sont tournés ce dimanche 28 octobre vers la Hesse, région du centre du pays dont la plus grande ville n'est autre que Franckfort, l'une des places fortes de l'économie allemande. Mais la bonne santé économique ne suffit pas. Deux semaines après les élections en Bavière, les sondages ne sont pas bons pour la CDU d'Angela Merkel ni pour le SPD. Le scrutin fait figure de nouveau test, avec potentiellement des conséquences nationales.
Comme il y a deux semaines, les partis partenaires de la grande coalition sont menacés d’une défaite historique. Les derniers sondages prévoient un recul de 10 points, tant pour la CDU que pour le SPD. A Berlin, on observera ce dimanche soir les résultats avec la peur au ventre.
La Hesse est gouvernée par un fidèle d’Angela Merkel, Volker Bouffier, qui a notamment soutenu la chancelière sur les questions migratoires qui ont secoué le pays et la CDU. Son échec serait donc un coup dur pour la cheffe du gouvernement.
Prévisions négatives
Les chrétiens-démocrates pourraient reculer sévèrement d’après les derniers sondages pendant que leurs alliés dans cette région prospèrent, les Verts ont le vent en poupe. L'image de la coalition est tellement négative après de nombreuses querelles ces derniers mois, que les deux partis chrétiens et sociaux-démocrates préfèrent oublier qu’ils gouvernent l’Allemagne, tant leur bilan leur paraît peu flatteur. Dans un sondage ce dimanche matin, la CDU/CSU est créditée de 24 % des voix, le SPD de 15%. Du jamais-vu.
Angela Merkel doit espérer que Volker Bouffier, qui gère la Hesse avec les Verts, parvienne malgré tout à sauver son poste. La CDU comme le SPD le répètent, espérant persuader les électeurs : la Hesse, c’est la Hesse, Berlin c’est Berlin. Comprenez : il faut voter sur les enjeux régionaux dans cette région au cœur de l’Allemagne et non pour ou contre la grande coalition au pouvoir à Berlin.
Vers une fin de coalition ?
« S’il y a une moindre perspective pour suivre le gouvernement actuel, ici, en Hesse, je crois qu’on va essayer d’aller plus loin avec Merkel. Si le SPD va perdre énormément, ça pourrait mettre fin à la coalition à Berlin puisque le SPD va être sous pression pour terminer cette coopération », estime Rainer Klump, professeur à l’université de Francfort.
Angela Merkel joue gros avant le congrès de la CDU début décembre où elle se représente à la présidence du parti. Et le maigre enthousiasme des militants SPD pour la grande coalition pourrait encore reculer en cas d’échec du parti ce dimanche. Car les sociaux-démocrates associés au pouvoir à Berlin avec Angela Merkel pâtissent également de la mauvaise image de la grande coalition. Le SPD est menacé d’une défaite historique dans un fief qu’il a dirigé durant des décennies.
→ (RE)LIRE : Allemagne: la Grande coalition sanctionnée en Bavière, prochain test en Hesse