Autriche: une ex-élue à fond dans la lutte contre le cyber-harcèlement

A Vienne, une ancienne élue écologiste, Sigi Maurer, a lancé la semaine dernière une campagne de financement participatif pour lutter contre le harcèlement en ligne. Sigi Maurer, elle-même victime de cyber-harcèlement, a vu son initiative dépasser toutes ses attentes.

De notre correspondante à Vienne

Sigi Maurer a été victime d’attaques sexistes sur les réseaux sociaux. Pour les dénoncer, en mai dernier, elle avait publié sur Facebook et Twitter l’un des textes orduriers qu’elle avait reçu via Messenger, l’application de discussions privées de Facebook, ainsi que l’identité de son auteur, un propriétaire d’un magasin de bière. Mais le tribunal de Vienne a condamné, début octobre, l’ex-élue écologiste pour ce geste : elle a été reconnue coupable d’avoir violé la loi sur les médias et d’avoir porté atteinte aux intérêts de cet homme, à qui elle doit verser 4 000 euros de dommages et intérêts. Le tribunal lui reproche d’avoir exposé publiquement ce contenu privé et l’identité de cet homme, sans vérifier qu’il était bien personnellement à l’origine du message, ce que lui dément. Il affirme que la page Facebook de son établissement était à la disposition de ses clients et qu’il n’est pas à l’origine du message injurieux. Sigi Maurer a fait appel de ce jugement, tout comme le plaignant. Depuis, elle a reçu plus de 1 000 messages de soutien et a donc décidé, la semaine dernière, de lancer une campagne de financement participatif pour lutter contre le cyber-harcèlement.

Le cas de la ministre de l’Agriculture

Cette campagne a eu un gros succès ; Sigi Maurer demandait initialement 100 000 euros, une somme qu’elle a obtenue en moins de 48h. Elle a donc lancé une nouvelle collecte pour avoir 100 000 euros supplémentaires et déjà 35 000 euros ont été recueillis. Cet argent va servir, selon elle, à financer sa propre procédure judiciaire, mais aussi celles de victimes potentielles qui voudraient poursuivre leur cyber-agresseur devant les tribunaux. L’argent collecté devrait également permettre d’offrir des conseils juridiques aux victimes.

Cette affaire a permis de lancer le débat autour du cyber-harcèlement. Sigi Maurer elle-même a avoué être « totalement stupéfaite » par « la solidarité » que de nombreux Autrichiens lui ont témoigné. Cela montre, selon elle que « le thème du harcèlement en ligne touche beaucoup de monde et qu’il y a un grand besoin d’action ». Le débat anime aussi le gouvernement. La ministre de l’Agriculture, Elisabeth Köstinger, qui a elle-même été la cible de commentaires dégradants sur son poids après sa grossesse, a demandé « de meilleurs instruments » pour lutter contre le harcèlement en ligne. Un groupe de travail étudie cette question, selon la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’intérieur, Karoline Edstadler. Il devrait livrer ses résultats en 2019.

 

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