Migrants bloqués dans le port de Catane: pas d'accord entre l'Italie et l'UE

Malgré l'ultimatum lancé par Luigi Di Maio, le vice-président du Conseil italien, qui avait donné jusqu'à ce vendredi soir à l'Union européenne pour trouver une solution sur la répartition des migrants, sans quoi l'Italie ne contribuerait plus au budget européen, aucun accord n’a été trouvé sur le sort des 150 personnes à bord du Diciotti, ce navire des garde-côtes italiens bloqué dans le port sicilien de Catane depuis plus d’une semaine. La réunion convoquée à Bruxelles n’a pas permis de dégager un accord.

Avec notre correspondante à Bruxelles, Joana Hostein

La réunion n’avait pas vocation à régler le sort des migrants bloqués à bord du navire Diciotti, répète-t-on à Bruxelles, contrairement à ce que souhaitaient les Italiens et contrairement à ce qu’ils annonçaient.

Les Européens ne veulent plus à avoir à gérer, au cas par cas, les bateaux de migrants que Rome refuse d’accueillir dans ses ports. La bonne volonté des autres Européens va s’épuiser, insiste-t-on côté français.

Il faut donc une solution à long terme, plus globale, il faut avancer sur les conclusions du sommet européen du mois de juin et sur cette idée de centres de contrôles répartis sur le territoire européen pour identifier les migrants économiques et les candidats à l’asile.

C’était cela le sujet de la réunion d’aujourd’hui. Pour l’Italie, ce tri doit se faire dans les pays européens et pas dans les ports italiens. Non, répondent les autres Européens qui ne cachent pas leur agacement. Les ultimatums lancés la veille d’une réunion n’ont jamais permis d’aboutir, répète-t-on dans les couloirs des institutions européennes.

A la suite de l'échec de cette réunion informelle, le vice-Premier ministre Luigi Di Maio a confirmé via sa page Facebook son intention de réduire la contribution de l'Italie au budget de l'Union européenne. « L'Union européenne a décidé de tourner le dos à l'Italie encore une fois », a-t-il écrit, ajoutant que son pays n'avait alors pas d'autre choix que de « prendre de manière unilatérale, une mesure compensatrice. Nous sommes prêts à réduire les fonds que nous donnons à l'Union européenne »


Lutte d'influence entre Di Maio et Salvini

Après les attaques répétées cet été du ministre de l'Intérieur italien, Matteo Salvini  sur la question migratoire, l'Union européenne est désormais aussi la cible de son alter ego du Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème). Jusqu'ici au sein du gouvernement italien Luigi Di Maio faisait profil bas et c'est Matteo Salvini qui donnait le ton sur la question des migrants.

Le ministre de l'Intérieur s'impose aujourd'hui comme l'homme fort du pays. Cet ultimatum de Luigi Di Maio lancé à l'UE répond donc à un double objectif :
ne pas se faire reléguer dans l ombre, mais aussi clarifier la ligne de son parti.

La question migratoire est marginale dans son programme. Sa popularité,
le Mouvement 5 étoiles l’a bâtie sur la contestation des élites, mais au fonds sur l'immigration, il n'y a pas de désaccord dans la coalition. En 2017 déjà, Luigi Di Maio s’en était pris aux ONG qui opèrent dans la Méditerranée les qualifiant de « taxis de la mer ».

Aujourd'hui avec son allure soignée et son visage rassurant, le « ragazzino », le petit garçon comme on le surnomme en Italie, n'hésite pas à brandir une arme inédite, car jamais en Europe un Etat membre n'a refusé de payer sa contribution.

 

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