La ville de Gênes et la région Ligurie ne sont pas à genoux, nous réagissons vite et de manière efficace, voilà le message en substance, du président de la région Giovanni Toti, commente notre envoyée spéciale à Gênes, Juliette Gheerbrant.
Peu de place pour la compassion et des réponses concrètes, comme toutes ces mesures annoncées par le maire Marco Bucci pour accélérer le retour à la normale. En matière de transport, il exhorte les Génois à emprunter les transports publics, de nouvelles lignes de bus gratuites vont être mises en circulation, comme des renforts sur les lignes ferroviaires ou la gratuité des parkings.
Le défi est de concilier les déplacements des particuliers avec ceux des poids lourds. Ces derniers ne circuleront plus aux heures de pointe. L’enjeu économique est énorme, il faut rétablir par ailleurs le fret maritime, le port fonctionnera la nuit.
Des mesures rassurantes annoncées également pour les personnes délogées, toutes doivent avoir un toit fin octobre au plus tard; 664 personnes sont concernées.
10 à 20 personnes encore sous les décombres
Une bonne nouvelle côté bilan humain, 6 blessés ont quitté l’hôpital 8 restent toutefois dans un état grave. L’urgence pour les secouristes est de retrouver les disparus, ou le corps des disparus, car l’espoir est mince désormais. Selon les autorités, entre 10 et 20 personnes seraient toujours enfouies sous les décombres.
La cérémonie de funérailles de victimes aura lieu samedi matin, près du port. Ce jour-là, l'Italie observera une journée de deuil national en hommage aux victimes.
■ Derrière le drame, un géant du secteur, Atlantia
Deux jours après le drame, la société Autostrade per l’Italia, gestionnaire de l’autoroute qui enjambe le pont Morandi est pointée du doigt par les autorités. Mercredi, le gouvernement a décidé de lui retirer le droit d'exploiter l'autoroute sans attendre les conclusions de l'enquête judiciaire. Conséquence jeudi matin, le titre en Bourse du groupe propriétaire d'Autostrade per l’Italia, Atlantia, perd un quart de sa valeur à Milan. Mais qui se cache derrière Atlantia ?
Atlantia est un leader européen des autoroutes à péage. Derrière ce groupe, il y a Edizione Holding, la société financière détenue par la famille Benetton et dont les dirigeants sont aujourd’hui désignés à la vindicte publique.
En Italie, le groupe gère la moitié du réseau routier à travers des filiales comme Autostrade per l'Italia. Mais ce n'est pas tout. En France, il gère la Société des autoroutes du Nord et de l'Est (Sanef) et l'aéroport de Nice, mais aussi une partie des réseaux routiers au Brésil et au Chili.
Mais voilà qu'après le tragique accident de Gênes, son titre en Bourse a perdu plus du quart de sa valeur à Milan. De quoi affoler ses dirigeants. Dans un communiqué ce jeudi, ils critiquent la décision du gouvernement de retirer la concession de l'infrastructure avant « que les causes de la catastrophe n'aient été établies ».
Mais pour le président du Conseil Giuseppe Conte, le gouvernement ne peut attendre que la justice se prononce. Même si dans ce cas, l'Etat devra payer une forte somme en dédommagement. Entre 15 à 20 milliards d'euros, correspondant aux revenus qu'Autostrade per l'Italia doit en principe tirer de son exploitation jusqu'à 2042. Le bras de fer entre Atlantia et le gouvernement italien ne fait que commencer.