Roumanie: nouvelles manifestations contre le gouvernement et la corruption

Au lendemain de manifestations réprimées par les forces de l'ordre à Bucarest, des dizaines de milliers d'opposants au gouvernement ont de nouveau battu le pavé dans la capitale roumaine, ce samedi 11 août.

« A bas le gouvernement ! » et « Justice, pas corruption ! ». Voici des exemples de slogans scandés par les quelque 30 000 manifestants, selon les estimations des médias locaux. Des milliers de personnes ont également manifesté dans plusieurs autres grandes villes, dont Sibiu (centre) et Timisoara (ouest).

Le mot d'ordre est toujours le même : dénoncer la corruption dans le pays, et notamment la vaste réforme de la justice initiée en 2016 par le parti social-démocrate (PSD) au pouvoir. Une réforme qui menace, selon ses détracteurs, l'indépendance des magistrats et vise à permettre à des responsables politiques d'échapper aux poursuites. Adopté en plusieurs volets, ce texte a suscité les critiques de la Commission européenne et provoqué une vague de contestation d'une ampleur sans précédent depuis la chute du régime communiste fin 1989.

Répression

Vendredi, ils étaient environ 80 000 à demander la démission du gouvernement social-démocrate de Viorica Dancila, l'accusant de « corruption » et de vouloir « contrôler la justice ». Des échauffourées opposant quelques dizaines de hooligans aux forces de l'ordre avaient fait plus de 450 blessés, dont une trentaine de gendarmes.

Le président roumain de centre droit Klaus Iohannis, en conflit ouvert avec la majorité parlementaire de gauche, a fustigé « l'intervention brutale et disproportionnée » des forces de l'ordre et demandé au parquet général d'ouvrir une enquête. Il a reproché dans la foulée au gouvernement d'« oeuvrer contre les intérêts des citoyens », accusant les responsables du PSD de « mener le pays vers le chaos et le désordre ».

Mise directement en cause, la ministre de l'Intérieur Carmen Dan a assuré que les gendarmes avaient agi en respectant la loi pour « défendre les institutions de l'Etat ». Malgré ses explications, des questions restaient en suspens sur l'intervention des forces de l'ordre, qui avaient commencé à faire usage de gaz poivre et lacrymogène avant même les premiers incidents provoqués par des hooligans.

(Avec AFP)

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