La décision de la Cour constitutionnelle roumaine risque d'avoir des conséquences très graves, non seulement en affaiblissant la lutte anti-corruption, mais aussi en portant un coup dur à l'indépendance de la Justice.
En obligeant le président de la République à accepter la demande du ministre de la Justice et à limoger la cheffe du parquet anti-corruption Laura Kövesi, malgré un avis négatif du Conseil supérieur de la magistrature, la Cour pousse aussi vers un changement de forme de gouvernement, d'une République semi-présidentielle vers une République parlementaire. D'ailleurs le président du Sénat roumain s'en est félicité. Et pour cause, le président de la Chambre des députés et lui-même ont des procès instruits par le parquet anti-corruption.
L'ancien Premier ministre roumain et ancien commissaire européen Dacian Ciolos, qui jouit de beaucoup de crédibilité au sein des institutions européennes, déplore le fait que la Cour constitutionnelle soit en train de perdre son rôle de gardien de la Constitution et prend fait et cause pour le parti social-démocrate, actuellement au pouvoir.
D'ailleurs le président de la Cour a été membre du parti social-démocrate. Il a effectué deux mandats de député et a été président de la Chambre des députés, au moment où Adrian Nastase était Premier ministre, avant d'être condamné par la suite pour des faits de corruption.