Avec notre correspondant à Genève, Jérémie Lanche
Devant le pôle emploi de la ville, à quelques centaines de mètres de la douane, tout le monde ou presque cherche un poste en Suisse. La « préférence indigène » inquiète Julie, mère célibataire de 38 ans : « Dans cette région, tout est très cher. Et pour pouvoir se loger, manger à l’extérieur, on n’a pas vraiment le choix que de chercher du travail en Suisse. Ce n’est pas une bonne nouvelle ».
Pour d'autres chercheurs d'emplois comme Lauriane, la nouvelle loi ne change pas la donne. Elle participe juste au climat défavorable qui touche les frontaliers depuis quelques années : « Je garde quand même espoir parce que la mesure ne me semble pas si restrictive que ça. Après, il est vrai que, étant frontalier français, on est quand même les derniers choix des recruteurs ».
Le maire de Saint-Julien-en-Genevois, Antoine Vieillard, ne dit pas autre chose. Il dénonce une mesure contraire, selon lui, aux accords de libre circulation des personnes passés avec l'Union européenne : « Ce qui se passe, c’est que les employeurs quand ils ne recrutent pas un chômeur local, doivent justifier pourquoi. Donc cela est une discrimination. Et puis le plus souvent, ils se voient menacés dans l’attribution de subventions, dans l’attribution de marchés publics, et donc incités à ne pas recruter des Européens ».
Pour le moment, seuls les secteurs affichant un taux de chômage de plus de 8% sont concernés. Il s'agit surtout du bâtiment, de l'horlogerie et de la restauration. Le seuil passera à 5% dès 2020.
► (Ré) écouter : France-Suisse: l'épineuse question des travailleurs frontaliers (L'actualité francophone)