Les passagers du Lifeline peuvent enfin fouler la terre ferme. Après une semaine à faire des ronds dans l'eau à 30 milles nautiques de Malte, le Lifeline a fait enfin son entrée dans le port de La Valette, juste en face de la citadelle, escorté par un bateau militaire. Alors que le navire approchait du quai, on entendait sur le pont les rires et les applaudissements des migrants, tous vêtus d'un gilet de sauvetage orange, rapporte notre envoyé spécial, Laurent Berthault.
En haut du mât flottait un drapeau jaune, indiquant que le capitaine du navire autorisait les autorités à monter à bord. Ce furent d'abord les membres de l'équipe médicale, vêtus de combinaisons blanches et de masques en papier. Trois bébés et un adulte ont été les premiers migrants à quitter le navire pour être hospitalisés. Une heure après l'arrivée du bateau, le débarquement était terminé.
Mission accomplie, pour Axel Steiner, responsable de l'ONG Lifeline. « D'accord ils sont restés six jours en mer, c'était horrible pour eux, mais avant ça ils étaient en Libye, où ils ont subi des viols, des tortures, où ils ont été emprisonnés, et je suis très heureux qu'il aient pu rejoindre un port sûr et puissent maintenant envisager leur avenir », a-t-il confié les larmes aux yeux.
Les demandeurs d'asile ont été conduits dans le centre de premier accueil de Marsa, à 15 minutes du port, pour que leur situation soit étudiée. Ils devraient être accueillis par huit pays européens : Malte, la France, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, le Luxembourg, la Belgique et les Pays-Bas.
Ainsi s'achève l'odyssée en mer des passagers du Lifeline, mais peut-être aussi du navire lui-même. Le Premier ministre maltais Joseph Muscat a annoncé que le navire serait placé sous séquestre. Il affirme que le capitaine du bateau a « violé les lois internationales ». Cette critique ressemble à celle formulée par le président français Emmanuel Macron. Selon lui, l'ONG allemande Lifeline est intervenue « en contravention avec toutes les règles » parce qu'elle n'a pas remis les migrants secourus aux gardes-côtes libyens. De son côté l'ONG se dit tout a fait sereine. « Nous avons fait ce qu'il fallait faire », conclut-elle.
■ La France accueillera une partie des migrants du Lifeline mais le président Emmanuel Macron a critiqué depuis Rome l’ONG allemande qui a affrété le navire pour la légalité de son action en mer et parce qu’elle fait selon lui « le jeu des passeurs ». Une prise de position qui fait réagir la classe politique française.