Le bateau a finalement obtenu ce mercredi une autorisation de débarquer ses passagers en fin de journée. « Je pense que le navire va rejoindre nos côtes ce soir », a déclaré Joseph Muscat, Premier ministre de Malte lors d'une conférence de presse ce midi. Les autorités du bateau avaient fait encore ce matin une nouvelle demande d'autorisation d'accostage. Plusieurs passagers à bord souffrent du mal de mer et trois ont dû être hospitalisés.
Les modalités d'accueil des passagers avaient déjà été organisées. Les migrants seront répartis sur six pays, dont la France, à raison de « quelques dizaines d'individus par pays » d'accueil, précisait hier le président français lors d'une conférence de presse à Rome, à l'issue d'une visite au pape François. Visite lors de laquelle il a largement été question de ce dossier sensible.
La France fera sa part dans l'accueil des rescapés du Lifeline
Le président français a eu des mots durs pour l'ONG allemande qui affrète le bateau. Pour Emmanuel Macron, Lifeline fait le jeu des passeurs: l'ONG a agi « en contravention de toutes les règles et des garde-côtes libyens ». L'ONG répond indirectement ce mercredi en disant dans un communiqué que le seul ordre qu'elle ait enfreint est celui de livrer les rescapés aux gardes-côte libyens parce que cela aurait été contraire à la déclaration de Genève».
Mais la France fera sa part dans l'accueil des migrants.
« La France fera partie des quelque Etats membres qui prendront des personnes qui se trouvent aujourd’hui sur le Lifeline lorsqu’elles arriveront dans un port européen. Et l’Ofpra est, d’ailleurs, déjà en route vers Malte pour pouvoir procéder à cette mission .»
Ces six Etats membres de l'UE accueilleront des migrants en « quantités... extrêmement limitées », mais c’est comme cela qu’on « fait fonctionner la solidarité européenne », ajoute le président français.
Nous protégeons et continuerons à protéger « ceux qui ont fui leur pays à cause de la religion ou de la politique et parce qu’ils étaient opprimés en raison de ce qu’ils croyaient ou pensaient », a encore déclaré Emmanuel Macron car « l’Europe a des principes, des valeurs ».
« A ceux qui ont fui leur pays, non pas parce qu’ils étaient opprimés en raison de ce qu’ils croyaient, de ce qu’ils pensaient, mais pour essayer, parfois pour céder à des sirènes d’un avenir meilleur ou pour essayer d’aller mieux, parce que dans leur pays c’était difficile, je leur dirai que l’Europe peut prendre sa part, mais elle ne peut pas prendre plus que sa part », a-t-il conclu.
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A Malte, les habitants réservés sur l'accueil des migrants
Un certain nombre de ces rescapés resteront à Malte. Dans les petites rues de la vieille ville de La Valette, la plupart des Maltais hochent la tête d'un air sombre quand on leur annonce la venue prochaine d'un bateau de migrants. « Comme l'Union Européenne l'a dit, nous avons déjà atteint notre quota de migrants. Je ne sais pas où ils vont les mettre... Il n'y a plus de place pour eux. Toute l'Afrique vient en Europe, ce n'est pas possible ! », se lamente un habitant au micro de notre envoyé spécial, Laurent Berthault.
« Je n'ai rien contre eux, ce sont des être humains comme nous, mais pour un petit pays comme le nôtre, je ne pense pas que ce soit si bien que ça. Tout le monde devrait apporter son aide et arrêter de dire : on n'en veut pas, on n'en veut pas, et que Malte les accueille tous. Il faudrait plus d'effort, plus d'initiatives des autres pays pour accueillir les migrants», témoigne une femme.
Les conditions posées par le Premier ministre – qu'une partie seulement des migrants restent sur l'île - passe plutôt bien auprès de la population, mais on trouve quelques rares Maltais qui auraient voulu plus de solidarité. « Moi, mon cœur me dit qu'on aurait du tous les accepter. Il faut connaître leur situation. Ils sont très pauvres dans leur pays et c'est pour çette raison qu'ils font ça », regrette une passante.
C'est la première fois depuis 2015 que Malte accueille un bateau de demandeurs d'asile.