Italie: Matteo Salvini mène la danse

Un mini-sommet européen sur l’immigration se tient ce dimanche 24 juin à Bruxelles avec pour objectif de préparer le sommet des 28 à la fin du mois. Les pays du groupe de Visegard ont annoncé qu’ils ne seraient pas présents ce dimanche. L’Italie, tenante elle aussi d’une ligne dure, sera finalement présente après avoir laissé planer le doute sur sa venue. Elle défendra les positions de son ministre de l’Intérieur et chef du parti de la Ligue Matteo Salvini, qui prend chaque jour un peu plus d’importance dans le paysage politique et apparait comme l'homme fort du gouvernement.

Semaine après semaine, Matteo Salvini s’impose comme la figure dominante du gouvernement italien, plus que le président du Conseil Giuseppe Conte. Pour Giuseppe Bettoni, professeur à l’université de Rome « Tor Vergata », cela tient notamment aux partis eux-mêmes, la Ligue du Nord et le Mouvement 5 étoiles.

« La Ligue du Nord a une classe politique. Des leaders qui ont fait partie de sa machine. Ils savent ce que c’est que gouverner, rappelle le chercheur. Ils ont gouverné avec des ministères pendant plusieurs années. C’est une classe politique qui, en plus, donne à son électorat ce qu’il veut. C’est-à-dire que ça ne les intéresse pas trop de promettre un monde parfait mais simplement de pouvoir aller vers son électorat en disant "voilà, je t’avais promis cela, je te donne cela" ».

En comparaison, explique cet expert en géopolitique, le Mouvement 5 étoiles manque d’expérience et « a une vision un peu hippie de la politique », avec pour principal objectif de « démontrer le mauvais fonctionnement de l’Etat ». « C’est : "je rentre dans la cabine de régie, là où il y a des boutons". Sauf qu'ils sont arrivés mais n’ont pas trouvé de boutons. Il faut rédiger des lois et il faut savoir le faire. Le Mouvement 5 étoiles n’a jamais formé de classe politique pour son mouvement, parce que pour eux, c’était aller au pouvoir et ramener le contrôle à la citoyenneté. Or, cette vision un peu simpliste arrive à ses limites et se retrouve dans un décalage très violent par rapport à la Ligue du Nord ».

En campagne électorale

Il faut ajouter à cela que Matteo Salvini s'inscrit dans une dynamique électorale. Le ministre de l’Intérieur est déjà en campagne, selon le professeur à l’université de Rome « Tor Vergata ».

« La fougue de Salvini est essentiellement basée sur le fait qu’il sait qu’il peut capitaliser le même score aux prochaines élections que le Mouvement 5 étoiles et donc se dédouaner de Berlusconi, de la droite. Il deviendrait à lui seul un parti majoritaire dans ce pays. Selon les derniers sondages, la Ligue du Nord devancerait, quoique d’une tout petit peu, le Mouvement 5 étoiles. Symboliquement, c’est énorme. Et pour lui, c’est une raison de plus pour continuer à agir et s’exprimer d’une manière à faire croire à son électorat qu’il arrive à satisfaire ses demandes. »

Preuve que Matteo Salvini s’inscrit dans cette démarche : « C’est la première fois qu’un ministre de l’Intérieur italien fait sa conférence de presse dans la salle de conférence du ministère non pas avec le symbole du ministère derrière lui mais avec le symbole de la Ligue du Nord », souligne Guiseppe Bettoni. « Monsieur Salvini est aujourd’hui en campagne électorale bien plus qu’avant la mise en place de ce gouvernement. »

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