Kosovo: les Serbes quittent le gouvernement après l'expulsion de Marko Djuric

Les ministres et membres serbes du gouvernement du Kosovo ont décidé mardi 27 mars de quitter leur fonction à Pristina après l'arrestation et l'expulsion la veille par la police kosovare d'un haut responsable gouvernemental serbe.

Les élus serbes « vont quitter le gouvernement qui ne jouira plus de notre soutien », a déclaré à Belgrade Goran Rakic, le président de la Liste serbe, principal parti de la minorité serbe au Kosovo, à l'issue d'une réunion avec le président serbe Aleksandar Vucic, à Belgrade.

Cette décision fragilise le gouvernement kosovar qui dépend du soutien des élus serbes. Le gouvernement ne « tombera pas », a assuré le Premier ministre Ramush Haradinaj, qualifiant la décision « d'incompréhensible ». Les Serbes disposaient de trois ministères et d'un poste de vice-Premier ministre au sein du gouvernement qui compte dix-huit membres.

A l'origine de cette décision: l'arrestation et l'expulsion du principal négociateur de Belgrade pour le Kosovo. Marko Djuric était entré lundi en territoire kosovar pour participer à une réunion publique à Mitrovica-Nord, sans avoir reçu l’aval de Pristina. Il a été conduit au commissariat de Pristina, traîné par les policiers kosovars, courbé en deux, devant les caméras et sous les insultes des habitants. Des incidents violents entre la police et des Serbes du Nord-Kosovo ont éclaté lors de l’intervention des policiers. 32 personnes ont été blessées dont huit sont dans un état grave.

En réaction à l’arrestation musclée de Marko Djuric, les habitants de la région de Mitrovica ont dressé une barricade sur la route reliant Mitrovica à la Serbie. Néanmoins la situation était calme dans la ville ce mardi.

Normalisation entre Belgrade et Pristana

L'incident est survenu alors que Belgrade et Pristina semblaient avoir renoué le dialogue sur la normalisation de leurs relations.

« Ce que vous avez vu hier montre ce que Pristina et une partie de la communauté internationale pensent du dialogue et je n'ai rien à ajouter », a déclaré Marko Djuric sans préciser si Belgrade allait interrompre les pourparlers. « La décision finale revient à Aleksandar Vucic », le président serbe, a-t-il  ajouté.

Les représentants des Serbes du Kosovo ont, par ailleurs, annoncé leur intention de former seuls, le 20 avril, l'Association des municipalités serbes du Kosovo « comme prévu par l'accord de Bruxelles que Pristina et Belgrade ont ratifié ».

« Voilà cinq ans que nous attendons d'obtenir quelque chose qui nous appartient, nous avons assez attendu », a estimé Goran Rakic, le président de la Liste serbe.

Bruxelles a fait de la normalisation entre Belgrade et Pristina une condition pour l'adhésion de la Serbie à l'Union européenne. De son côté, le Kosovo espère une libéralisation des visas pour ses citoyens.

(avec AFP)

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