Le ministre portugais des Finances, entré au gouvernement en 2015 sans expérience politique, devient deux ans plus tard président de l'Eurogroupe, l'un des plus importants centres de décision de l'Union européenne. L'Eurogroupe est chargé de coordonner la politique monétaire des 19 membres de la zone euro et de maintenir sa stabilité, en coordination avec la Banque centrale européenne.
Ce professeur d'économie de 50 ans est sans affiliation partisane, mais classé comme un centriste ou un libéral. Toutefois, il appartient à un gouvernement socialiste et cela a joué en sa faveur, car il importe de maintenir un équilibre gauche-droite à la tête des différentes institutions européennes.
Un dur labeur l'attend à ce poste, car il devra durant les deux ans et demi de son mandat, engager la réforme de la zone euro souhaitée par les Etats-membres. Dès mercredi, la Commission européenne devrait rendre public ses propositions sur ce dossier sensible. En effet, si les 19 sont d'accord pour renforcer la monnaie unique européenne afin de la préserver des crises, ils sont loin de converger sur les moyens d'y parvenir.
Frisson de joie au Portugal
Le «bravo l’ami», en portugais, du Commissaire européen Pierre Moscovici adressé à Mario Centeno a fait courir un frisson de joie au Portugal, et résume l’unanimité quasi générale en faveur du nouveau président de l’Eurogroupe, rapporte notre correspondante à Lisbonne, Marie-Line Darcy.
Au sein du gouvernement socialiste portugais on ne tarit pas d’éloges sur celui que l’on nomme parfois avec affection «super Mario». Le président de la République, homme de droite, l’a félicité, avant de rappeler que Mario Centeno est avant tout ministre portugais de l’Economie. Pour bien indiquer qu’il reste deux ans au gouvernement socialiste dont il est membre pour consolider sa politique. Une politique qui pour l’instant réussi au pays, celle de la rigueur sans austérité et dans le respect des regles européennes.
Avec une croissance qui devrait être de 2,6 %, et un déficit bien en dessous des 3% du PIB cette année, le Portugal est devenu un modèle à suivre, pour son redressement économique spectaculaire. Mario Centeno, que la gauche qualifie de libéral, est un économiste brillant. Pragmatique et posé, il s’est a plusieurs reprises opposé à Bruxelles par le passé. Tenant d’une politique de transparence et d’ouverture, le président de l’Eurogroupe a peine élu a donné le ton en invitant tout le monde à se mettre au travail.