En Allemagne, les négociations de coalition s'éternisent

En Allemagne, deux mois après les élections législatives, les discussions pour former un gouvernement inédit mêlant conservateurs, libéraux et écologistes - la fameuse coalition Jamaïque - achoppent toujours, en raison de divergences persistantes. Les négociations pourraient se poursuivre ce weekend.

Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut

La chancelière allemande Angela Merkel avait posé une date butoir le 16 novembre pour arriver à un compromis. D’où cette négociation marathon durant quinze heures qui s’est finalement achevée ce 17 novembre vers quatre heures du matin. A l’arrivée, pas d’accord mais pas d’échec définitif. « Un tel projet historique ne doit pas échouer à cause de quelques heures » a déclaré le président du parti libéral, Christian Lindner. On va donc jouer les prolongations ; le week-end entier pourrait aussi y être consacré.

Frictions

Quatre semaines après le début de ces discussions entre les conservateurs (CDU/CSU), les libéraux (FDP) et les Verts, des points de friction centraux restent à résoudre. Sur les questions migratoires, les Verts veulent un assouplissement pour plus de regroupement familial alors que les autres négociateurs, notamment les chrétiens sociaux, n'en souhaitent pas. Sur le climat et la réduction des émissions de CO2, les écologistes veulent plus d’efforts. Les dossiers financiers suscitent aussi des frictions et notamment la suppression de l’impôt de solidarité introduit au début des années 90 pour financer le redressement de l’ancienne RDA communiste.

Frustrations

« Sur les points essentiels, nous n’avons pas vraiment avancé en quatre semaines » a regretté, frustré un dirigeant libéral au petit matin, soulignant aussi le manque de confiance entre les participants. Cette coalition dite « à la jamaïcaine » est, quoi qu'il en soit, la seule possible après les élections du 24 septembre 2017. Si un accord intervient dans les heures qui viennent, un contrat de gouvernement devra être élaboré.

« Ca n'est pas simple mais ça vaut la peine de poursuivre les négociations ». Toujours aussi pragmatique, Angela Merkel s'est montré optimiste en arrivant ce vendredi 17 novembre dans la matinée au siège de la CDU où les négociations interrompues vers quatre heures du matin reprennent. La chancelière, qui joue son avenir, est sans doute prête à plus de compromis pour sauver son quatrième mandat et son avenir. Des sondages tout frais montrent d'ailleurs que les deux tiers des Allemands sont favorables au regroupement familial ou à la fermeture des centrales électriques au charbon polluantes pour ne citer que deux sujets délicats.

« La coalition de la peur »

Sans accord entre les partis conservateurs, les Verts et les libéraux, seules de nouvelles élections générales dont personne ne veut seraient nécessaires. Le quotidien populaire Bild Zeitung parle de « la coalition de la peur », les différents partenaires ne mettant pas fin aux négociations juste pour ne pas être ensuite accusés d'être responsable d'un échec. Pour le journal Die Welt, celui de Merkel est déjà patent.

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