Avec notre correspondant à Madrid, François Musseau
La décision de Carles Puigdemont sera l’un des événements les plus déterminants, voire le plus déterminant, de ce conflit catalan. Le président séparatiste de la Catalogne sait qu'il perdra tous ses pouvoirs et cessera d'être rémunéré une fois voté l'article 155 de la Constitution espagnole. Cela permettra d'instaurer une gestion directe de la région par le gouvernement central. De plus, un représentant unique pourrait être temporairement nommé par Madrid pour gouverner la région. Le Sénat devra approuver ces mesures vendredi 27 octobre.
Pour les séparatistes, la seule manière de bloquer ce processus est de dissoudre le Parlement autonome et de convoquer des législatives anticipées d’ici samedi prochain. A ce moment-là, le pouvoir central paralysera la mise sous tutelle.
Cependant, si celle-ci est bel et bien appliquée, des experts prendront les manettes de toutes les institutions et organismes catalans : présidence, Parlement, police, télécommunications, médias publics, mais aussi agence fiscale. Un véritable drame pour cette région prospère et aux nombreuses prérogatives.
Carles Puigdemont va d’ici peu convoquer une séance extraordinaire au Parlement de Barcelone. Il fera alors un choix historique entre des élections anticipées - et la retombée du conflit- ou une déclaration d’indépendance unilatérale et le début de l’opération punitive du pouvoir central.
Les extrémistes catalans poussent à la désobéissance
Ce lundi à Londres, une première charge est venue du porte-parole de Catalogne chargé des Affaires étrangères en personne, Raul Romeva. Interrogé à Londres par la BBC, il a déclaré que seul le peuple catalan avait le droit de changer les institutions régionales et que l'Union européenne perdrait sa crédibilité si elle laissait le gouvernement central gérer directement la Catalogne.
« Comment l'Union européenne pourrait-elle vivre avec cette situation si elle se produisait ? », a déclaré Raul Romeva qui était interrogé sur la façon dont le gouvernement régional de Catalogne comptait s'y prendre pour empêcher le gouvernement espagnol d'instaurer une gestion directe.
Par ailleurs, le parti d'extrême gauche Candidature d'unité populaire (CUP), allié incontournable du président Puigdemont, a promis d'orchestrer une campagne de « désobéissance civile massive » si le gouvernement central prend le contrôle de la région comme il menace de le faire en fin de semaine.
Cette formation anticapitaliste et indépendantiste qui avait participé à l'organisation des « comités de défense du référendum », composés de citoyens qui s'étaient massés devant les bureaux de vote pour permettre la tenue le 1er octobre d'un référendum interdit sur l'indépendance. Ce scrutin avait été émaillé de violences policières.