Avec notre envoyé spécial à Barcelone, Benjamin Delille
Toujours pas d’indépendance, Carles Puigdemont s’est exprimé avec la prudence dont il fait preuve depuis déjà plusieurs semaines. Il a d’abord parlé en catalan pour dénoncer le choix de Mariano Rajoy d’activer l’article 155. Et il n’a pas mâché ses mots.
Le Premier ministre s’est selon lui « placé hors de l’Etat de droit », avec ce qu’il estime être « la pire attaque des institutions catalanes » depuis la dictature de Franco, il y a plus de 40 ans.
Il a donc décidé de convoquer une session plénière cette semaine au Parlement catalan pour répondre à Madrid. Le Parlement, où les indépendantistes sont majoritaires, devrait conclure lui aussi que les mesures du gouvernement espagnol sont « illégales ».
Carles Puigdemont s’est ensuite exprimé en espagnol « aux démocrates » de la péninsule, selon ses mots. Il les a appelés à rester vigilants face à ce qu’il estime être une dérive du gouvernement.
Puis il a terminé son discours en anglais, pour s’adresser aux citoyens et aux responsables européens. Une manière de s’inscrire dans les valeurs fondamentales de l’Europe et de tenter d’en exclure Mariano Rajoy.
La porte de sortie de Carles Puigdemont
Avec notre correspondant à Madrid, François Musseau
« Une véritable attaque à la démocratie ». C’est de cette manière radicale que Carles Puigdemont a réagi à l’annonce de la mise sous tutelle de la Catalogne de la part de Madrid. A ses yeux, Madrid applique des méthodes qui rappellent l’ancien régime, une référence à la dictature franquiste.
Le chef de file sécessionniste n’a pas apporté une réponse claire, mais ce qui est sûr c’est qu’il n’entend pas courber l’échine face au pouvoir central qui s’apprête à le destituer, lui et son gouvernement, et qui s’apprête à prendre le contrôle de la région dans son entier. Puigdemont a dit qu’une réponse urgente sera donnée à l’intérieur du Parlement de Catalogne.
Sur place, des leaders de Podemos, la maire de Barcelone Ada Colau ont aussi parlé de « coup d’Etat à la démocratie ».
Le leader sécessionniste sait toutefois qu’il lui reste une porte de sortie : il s’agirait pour lui, et lui seul peut le faire actuellement, de convoquer des législatives anticipées. Il peut agir en ce sens jusqu’à vendredi prochain, lorsque le Sénat espagnol se réunira pour prendre officiellement les commandes de la Catalogne. S’il ne le fait pas, on peut craindre un choc frontal entre la capitale espagnole et Barcelone.