Avec notre correspondant à Madrid, François Musseau
Si le séparatiste Carles Puigdemont n’a pas donné l’impression d’apprécier beaucoup la mise sous tutelle de sa région par Madrid, une fois encore, il n’a pas clairement dit ce qu’il comptait faire. Il a seulement convoqué une session parlementaire dans l’hémicycle de Barcelone et c’est certainement à ce moment que sa réaction officielle se fera connaitre.
On a de toutes façons du mal à imaginer qu’il accepte sans broncher les ordres de Madrid. Hier soir, des dizaines, voir des centaines de milliers de personnes ont manifesté leur désir farouche d'émancipation du royaume. Au Parlement convoqué, il pourrait faire une symbolique déclaration unilatérale d’indépendance.
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Pourtant, Puigdemont dispose d’une étroite marge de manoeuvre. Jusqu’à vendredi, il peut prendre la seule décision qu’accepterait le pouvoir central et qui ferait retomber la crise, à savoir convoquer des législatives anticipées en Catalogne. S’il ne le fait pas, le gouvernement central puis le Sénat mettront de façon irréversible l’article 155 en application ; un article qui est d’ores et déjà activé, avec la mobilisation de fonctionnaires de la capitale qui se préparent à prendre le contrôle de tous les ministères régionaux.
Le leader catalan a donc une responsabilité historique : s’il s’obstine dans son projet, les principales institutions de Catalogne seront d’ici peu sous la coupe de Madrid, un événement sans précédent qui risque de provoquer de violentes réactions populaires.
Mandat pour la sécession
Carles Puigdemont affirme avoir un mandat pour faire sécession, après avoir organisé un référendum d'autodétermination interdit par la justice, un processus déclenché en novembre 2015 avec pour objectif d'instaurer une République indépendante au plus tard en 2017. D'après les séparatistes, plus de deux millions de Catalans, soit 43% de l'électorat, ont voté à 90% oui à l'indépendance malgré des interventions parfois violentes de la police pour les en empêcher.
L'aile dure de la coalition pousse Carles Puigdemont à consommer la rupture mais cet ancien journaliste de 54 ans temporise devant l'impact économique de la crise et le manque d'appuis à l'étranger.