Avec notre correspondant à Prague, Alexis Rosenzweig
S’il parvient à former une coalition, le chef du gouvernement tchèque sera donc le milliardaire Andrej Babis, pourtant mis en examen pour fraude aux subventions européennes - une affaire qui lui a coûté son poste de ministre des Finances et qui fait également l’objet d’une enquête de l’office européen de lutte anti-fraude.
Parfois comparé à Donald Trump et souvent qualifié de populiste, Andrej Babis s’est posé comme candidat contre l’immigration, contre l’adoption de l’euro et contre la corruption, sans idéologie claire mais avec un credo : « gérer l’Etat comme une entreprise ». Son empire agrochimique est le principal employeur du pays. En fait également partie un groupe médiatique, ce qui lui a valu d’être aussi surnommé le « Berlusconi tchèque ».
Contre «l'Europe à deux vitesses»
« Nous sommes un mouvement pro-européen et nous ne voulons pas d’une Europe à deux vitesses », a déclaré Andrej Babis au soir de sa victoire. Il a critiqué les propositions formulées dans ce sens par le président français, conseillant à Emmanuel Macron de « s’occuper d’abord des problèmes de la France ».
Toujours contre les quotas européens de réfugiés, Andrej Babis a répété pendant la campagne qu’il n’était pas favorable l’entrée de la République tchèque dans la zone euro « en l’état actuel des choses ». Contrairement aux dirigeants polonais et hongrois, le milliardaire tchèque n’est pas un idéologue et son expérience à Bruxelles, en tant que ministre des Finances, lui a permis de se targuer d'un certain talent de négociateur à l’échelle européenne.
Neuf partis – dont un parti d’extrême droite xénophobe officiellement soutenu par Marine Le Pen - seront représentés à la Chambre des députés, et Andrej Babis a indiqué qu’il était prêt à négocier avec toutes les autres formations.
Sa victoire a été saluée sur Facebook par le Belge Guy Verhofstadt, qui préside au Parlement européen le groupe des libéraux dont fait partie le mouvement ANO.