Avec notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer
La presse d'opposition de gauche - la seule qui, en Turquie, relaie vraiment leur cause - les désigne par leurs prénoms, Nuriye et Semih. Nuriye Gülmen et Semih Özakça, 35 et 28 ans, ont promis qu'ils seraient présents à l'ouverture de leur procès, malgré la grève de la faim qui abîme leur santé depuis plus de six mois, dont bientôt quatre en détention à la prison de Sincan, à Ankara.
L'universitaire et l'instituteur, qui ne s'alimentent que de vitamines, d'eau, de sucre et de sel, avaient été arrêtés pour avoir protesté en pleine rue, pendant quasiment 200 jours, contre leur radiation de l'Education nationale.
Comme plus de 108 000 autres fonctionnaires, ils ont été limogés dans le cadre de l'état d'urgence, instauré à la suite du putsch manqué de l'été 2016. La justice les accuse d'être liés au DHKP-C, une organisation d'extrême gauche classée terroriste en Turquie. Ils risquent jusqu'à 20 ans de réclusion.
Sur les réseaux sociaux, une campagne appelle en musique à assister à cette première audience pour soutenir les deux enseignants, qui se retrouvent privés d'une partie de leur défense. Au moins 13 avocats du cabinet qui les représente ont été arrêtés à deux jours du procès.