avec notre correspondant à Varsovie, Damien Simonart
Comment le président justifie-t-il ce veto qui le met en porte-à-faux par rapport à sa propre famille politique ? Andrzej Duda a déclaré avoir l’intime conviction que les réformes, telles qu’elles sont proposées à l’heure actuelle, ne renforceront pas le sentiment de justice dans la société polonaise.
Visiblement, les manifestations qui ont rassemblé ce weekend des dizaines de milliers de Polonais à travers le pays ont influencé le chef de l’Etat. Ce dernier a constaté que les divisions au sein du pays s’accentuent de manière dangereuse et qu’il ne peut pas laisser la situation s’aggraver encore.
Sur les trois réformes proposées, Duda met son veto aux deux principales : celle sur la Cour suprême et celle sur le Conseil national de la magistrature. Cela ne veut cependant pas dire qu’elles sont mises à la poubelle. Andrzej Duda, juriste de formation, a annoncé qu’il va lui-même rédiger un projet de loi qu’il va soumettre au Parlement. Mais avant cela, il veut lancer des consultations avec les milieux juridiques et politiques pour essayer de trouver un compromis, ce que les députés du PiS n’avaient pas voulu faire au Parlement.
Le président marque son indépendance
Ce veto est une surprise pour tout les Polonais. Depuis le début de son mandat, Andrzej Duda était accusé par l’opposition d’être le « notaire » du PiS et de signer les yeux fermés toutes les réformes voulues par Jaroslaw Kaczynski. Ce lundi matin, il a marqué son indépendance.
L’opposition remercie le chef de l’Etat pour cet acte de courage, soulignant que la Pologne était au bord du précipice mais qu’aujourd’hui elle a fait un pas en arrière. En revanche du côté du PiS on fait grise mine. Les plus diplomates soulignent que le président veut malgré tout une réforme du système judiciaire, mais certains ne cachent pas leur colère. Jaroslaw Kaczynski, le chef du PiS a quant à lui refusé tout commentaire.