Avec nos correspondants, Muriel Pomponne et Etienne Bouche, et agences
La piste d'une attaque kamikaze se précise
L'attaque dans le métro de Saint-Péterbourg, lundi, serait un attentat kamikaze selon les derniers éléments fournis par les services de sécurité russes. L'engin qui a explosé aurait été activé par l'homme dont le corps a été retrouvé dans le wagon accidenté. « Il a été confirmé qu'un engin explosif avait été déclenché par un homme dont des fragments du corps ont été retrouvés dans le troisième wagon de la rame (de métro) », indique la commission d'enquête dans un communiqué repris par l'agence russe Interfax.
Un suspect kirghize
Un nom circule, celui d’un homme qui pourrait être l’auteur de l’attentat : Akbarjon Djalilov, un jeune né en 1995, probablement détenteur de la citoyenneté russe. Le FSB, les services de renseignement russes, n'ont pas confirmé l'information venant du Kirghizstan, mais ils ne l'ont pas démentie non plus. La commission d'enquête précise elle qu'elle ne communiquera pas l'identité du suspect pour ne pas nuire à l'enquête.
Les autorités kirghizes cherchent à remonter le fil des relations du jeune homme qui serait originaire de la ville de Osh au sud-ouest du Kirghizstan, non loin de la frontière ouzbèque, une région agitée par les mouvements islamistes. Toutefois, le comité d’enquête russe, repris par l’agence Interfax précise que l’homme est seulement suspect et que toutes les pistes restent examinées.
Dans un premier temps, les enquêteurs avaient exclu l’hypothèse d’un kamikaze d'autant qu’une deuxième bombe a été désamorcée dans une autre station de métro. Elle était dans un extincteur dans un sac, et n’était nullement transporté par un kamikaze. Selon le journal russe, Kommercant, les services spéciaux de Saint-Pétersbourg ont empêché l’explosion de cette bombe en bloquant les téléphones portables des suspects, car ils devaient déclencher cette bombe à distance.
Un « défi » à tous les Russes et notamment à Vladimir Poutine
L'attentat n’a pas été perpétré à une heure de grande affluence dans le métro. A 14h40, ce n’est pas l’heure d’entrée ou de sortie du travail. En revanche, le fait qu’il ait eu lieu alors que Vladimir Poutine était dans la ville, constitue un vrai défi pour le président russe qui suit l'enquête « en temps réel » précise le Kremlin.
« Tout attentat ayant lieu dans notre pays est un défi lancé à tous les Russes, y compris au chef de l'Etat », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov lors d'un point presse.
Le groupe Etat islamique avait appelé à cibler la Russie
L’attentat n’a pas encore été revendiqué, mais il survient alors que l'organisation Etat islamique a appelé à frapper le territoire russe, après l'intervention de Moscou en soutien aux forces de Bachar el-Assad en Syrie. Une intervention elle-même déclenchée après l'explosion en plein vol, en 2015, d'un avion reliant l'Egypte à la Russie avec 224 personnes à bord. Un attentat revendiqué à l'époque par le groupe EI.
Ces dernières années, des centaines d'islamistes du Caucase ou d'Asie centrale ont rejoint les rangs de l'Etat islamique au Moyen-Orient, rappelle Arnaud Dubien, directeur de l'Observatoire franco-russe et chercheur associé à l'Iris. « Les autorités russes les évaluent à environ 2 000, et 5 000 si on ajoute les ressortissants des Etats d’Asie centrale post-soviétique », explique-t-il.
« Evidemment, ajoute le chercheur, certains ont probablement été tués, d’autres partent. L’ordre de grandeur généralement évoqué, c’est entre 1 500 et 2 500 pour ce qui concerne les ressortissants de la Fédération de Russie. Originaires du Caucase, mais pas seulement. Là aussi, il y a quelques individus ethniquement russes, convertis et qui sont encore plus dangereux, je dirais, parce que plus difficilement identifiables. »