Russie: une explosion meurtrière dans le métro de Saint-Pétersbourg

Une bombe a explosé dans une rame du métro de Saint-Pétersbourg, entre deux stations lundi à la mi-journée. Le dernier bilan fait état de onze morts et 47 blessés. Une autre bombe artisanale a pu être désamorcée dans une autre station de métro peu après l'explosion. Une enquête a été ouverte pour « acte terroriste ». Cet attentat intervient alors que le président Poutine se trouvait à Saint-Pétersbourg.

L’explosion a eu lieu dans le métro, alors que la rame arrivait à la station Institut technologique. Le métro venait de Sennaya Ploshchad, une station importante où se croisent trois lignes. L'explosion est survenue à 11h40 temps universel, soit 14h40 heure de Saint-Pétersbourg. Selon les autorités russes, une autre bombe, non explosée, aurait été découverte dans une autre station du métro saint-pétersbourgeois, rapporte notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne.

Les télés russes diffusent des images de gens allongés sur les quais, la fumée qui sort du métro. L’explosion s’est déroulée dans un wagon. Des images montrent le wagon défoncé. Les enquêteurs sont sur place ainsi que les services du procureur et le comité antiterroriste. D’après leurs toutes premières conclusions, il y avait 200 à 300 grammes d’explosifs. Il s’agirait d’un explosif artisanal qui a été laissé au milieu du wagon et il ne s’agit pas d’un kamikaze. Beaucoup de gens étaient dans le métro à ce moment-là.

Un témoin raconte

« J’étais assis tout près du wagon où l’explosion a eu lieu, dans un wagon voisin. Les passagers de mon wagon se sont mis à courir pour se placer à l’autre bout de celui-ci, plus éloigné de l’explosion. Ils essayaient d’ouvrir les fenêtres. La rame est entrée dans une station, la visibilité s’est améliorée, les gens sortaient du wagon en courant, mais rapidement ils se sont mis à aider les passagers du wagon touché à sortir. Certains étaient en mesure de sortir eux-mêmes, mais pour certains autres, il a fallu les attraper par leurs vêtements et les tirer aussi par les fenêtres. Les vitres ont éclaté. Une vitre a été brisée aussi dans mon wagon. L’explosion a été forte. Si elle était encore plus puissante, deux ou trois autres wagons auraient été certainement endommagés. Mais avec cette puissance-là, les dégâts ont été limités à un seul wagon. Moi, j’étais assis au bout du wagon, du côté de celui qui a explosé. Mais personne n’a été blessé dans le nôtre », rapporte un témoin interrogé par la rédaction russe de RFI. 

Ouverture d'une enquête pour « acte terroriste »

Tous les passagers ont été évacués et tous les services de secours se sont rendus vers cette station de métro. Toutes les stations de Saint-Pétersbourg ont été fermées. Aujourd’hui, le président Poutine était à Saint-Pétersbourg pour un forum sur les médias et pour recevoir le président biélorusse Alexandre Loukachenko.

« Je voudrais avant tout exprimer mes profonds regrets et ma compassion pour les proches de ceux qui ont été tués et blessés. J’ai déjà parlé avec les responsables des services spéciaux, notamment avec le Directeur du FSB. La police et les services spéciaux travaillent, et ils feront tout pour établir les causes et présenter un rapport complet sur ce qui s’est passé. Si les autorités fédérales ou municipales ont besoin d’une quelconque aide en la matière, toutes les mesures nécessaires seront prises pour les aider à soutenir les familles des victimes », a déclaré Vladimir Poutine.

Une enquête a été ouverte pour « acte terroriste ». « Il y a tous les signes d’un acte terroriste », a déclaré un sénateur membre du comité de la Défense, qui souligne que bien que de nombreuses mesures aient été prises dans les métros russes, elles se sont révélées insuffisantes.

Deux mandats d'arrêt ont été émis lundi contre deux personnes potentiellement impliquées dans l'explosion.

Qui pourrait être derrière cet attentat ? 

Le dernier attentat en date en territoire russe remonte à 2013, c’était à quelques semaines des JO de Sotchi, deux attentats-suicide perpétrés à Volgograd et qui avaient fait 34 morts. Mais la Russie a une longue expérience avec la menace terroriste. Depuis 30 ans, le pays est exposé aux attentats islamistes, liés notamment au conflit tchétchène. La Tchétchénie a connu deux guerres meurtrières, au début des années 1990 et au début des années 2000. La rébellion s'est progressivement islamisée et a débordé les frontières de cette république du Caucase russe et plusieurs Tchétchènes ont été impliqués dans des attentats sur le territoire russe.

Le groupe Etat islamique avait appelé en septembre 2015 à frapper la Russie en raison de son implication dans le conflit syrien et de son soutien à Bachar el-Assad. Un mois après le début de l’intervention russe en Syrie, un avion reliant l’Egypte et la Russie avec 224 personnes à son bord avait explosé au-dessus du Sinaï. Cet attentat avait été revendiqué par l’EI. Il est donc tout à fait possible que l'attentat de ce lundi à Saint Pétersburg ait un lien avec l'EI.

Rappelons aussi que des centaines de combattants du Caucase et d'Asie centrale se battent aux côtés de Daech en Irak et en Syrie. Selon différentes estimations ils seraient entre 1 500 et 2 500 originaires du Caucase partis faire le jihad et environ 2 500 autres ressortissants d'Asie centrale auraient également rejoint les rangs de l'organisation au Moyen-Orient. L'hypothèse d'un retour en Russie des combattants des théâtres de guerre irakien et syrien et leur implication dans ces attentats est également une piste exploitée par les enquêteurs. La sécurité a d'ailleurs été renforcée ces derniers mois dans toutes les grandes villes russes, et notamment dans les transports en commun.

La France solidaire 

Le président François Hollande a exprimé sa « solidarité » et propose « l'assistance » de la France.

La France a annoncé le « redéploiement » par mesure de précaution des moyens de sécurité dans les transports en commun d'Ile-de-France après l'attentat survenu dans le métro de Saint-Petersbourg. « Dans le contexte de menace terroriste très élevée, le
gouvernement continue de prendre toutes les mesures qui s’imposent pour protéger les Français
 », indique le ministre de l'Intérieur Matthias Fekl dans un communiqué. « Notre vigilance est maximale, et la mobilisation des forces de l’ordre est totale », ajoute-t-il.

Pour sa part, le président des Etats-Unis Donald Trump a dénoncé « une chose horrible ». « Horrible, cela arrive dans le monde entier, c'est une chose absolument horrible », a déclaré Donald Trump depuis la Maison Blanche.

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