Avec notre correspondant à Kiev, Sébastien Gobert
Les Ukrainiens n'ont semble-t-il aucun remord à réinviter la géopolitique dans l'Eurovision. La gagnante 2016, la chanteuse Djmala, est elle-même une Tatar de Crimée. Elle vit en exil depuis l'annexion de la péninsule par la Russie en 2014.
Il semblait donc inconcevable que l'Ukraine accueille une artiste russe qui s'est rendue en Crimée de manière illégale, selon Kiev. La décision est une occasion de rappeler au monde la guerre hybride qui fait rage entre les deux pays.
Loin de la Crimée annexée, le bilan humain du conflit dans l'est de l'Ukraine s'alourdit chaque semaine. Médias et réseaux sociaux ont ainsi accueilli favorablement cette annonce. Certains redoutent néanmoins que l'Ukraine ne se retrouve pointée du doigt pour le tort causé à une chanteuse handicapée, en fauteuil roulant, qui n'a aucune affiliation politique connue. Les réactions sont vives de part et d'autre.
Quoiqu'il en soit, Ioulia Samoïlova n'est pas la première artiste russe à être sanctionnée par Kiev. Un autre signe que l'Ukraine et la Russie sont plus éloignées que jamais, et que les tensions ne vont pas s'apaiser de si tôt.