Tensions entre Berlin et Ankara après l'annulation de deux meetings pro Erdogan

La moitié des 3 millions de Turcs allemands sont inscrits sur les listes électorales en Turquie. 60% d'entre eux ont voté pour l'AKP du président Erdogan aux dernières élections. Cet électorat conservateur est donc précieux pour le régime turc qui multiplie les opérations de séduction à l'égard de la communauté turque d'Allemagne, suscitant l'irritation de Berlin qui a annulé deux meetings. En réponse, les autorités turques ont convoqué l'ambassadeur d'Allemagne à Ankara.

Avec notre correspondante à Berlin,  Nathalie Versieux

Fin février, le Premier ministre turc Yildrim s'est rendu en personne à Oberhausen, à l'ouest de l'Allemagne, pour un meeting électoral pro réforme constitutionnelle. L'avalanche nationaliste et la marée de drapeaux rouges et blancs agitée à l'occasion dans la salle bondée qui accueillait la manifestation ont choqué en Allemagne.

Sous la pression, les villes de Gaggenau et de Cologne viennent de faire interdire les meetings de deux ministres du gouvernement turc. Mais selon le Bild Zeitung, le président Erdogan voudrait venir en personne en mars à Colognepour parler devant ses fans. L'affaire embarrasse le gouvernement Merkel.

Pas question en effet pour l'opposition des Verts et des néocommunistes de laisser Erdogan faire en Allemagne la publicité d'une réforme constitutionnelle autoritaire. Surtout depuis que la Turquie retient en prison de façon arbitraire un journaliste germano-turc accusé de soutenir le terrorisme par ses reportages.

Colère d’Ankara

Les autorités turques ont fait part de leur colère. « Inacceptable », « antidémocratique », « contraire à la liberté d'expression », a déclaré le ministre turc de la Justice qui a renoncé à un déplacement en Allemagne. Autre décision : l'ambassadeur d'Allemagne à Ankara a été convoqué par les autorités turques.

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