Avec notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette
C’est une campagne tendue et déséquilibrée qui s’annonce. Une campagne de près de deux mois lors de laquelle le camp du « oui » bénéficie du soutien de la machine administrative. Et même plus, puisque sous le régime d’état d’urgence, les médias privés n’ont pas à respecter l’égalité du temps de parole entre les deux camps.
A l’inverse, les adversaires de cette réforme ont du mal à faire passer leur message. Douze députés du HDP, deuxième parti d’opposition et qui milite contre la réforme, sont notamment emprisonnés pour soutien au terrorisme.
Après avoir associé les électeurs du « non » au PKK ou aux sympathisants de l’imam Gülen, le Premier ministre Binali Yildirim a assuré que le vote des électeurs serait respecté peu importe les résultats. Le président Erdogan prend moins de précautions et affirme que les sympathisants du « non » ne sont pas des patriotes.
Les premiers sondages indiquent cependant des résultats peut-être plus incertains que prévu. Une incertitude qui se vérifie même auprès des électeurs de quartiers pourtant largement favorables à Recep Tayyip Erdogan.
Le camp du « oui » va donc mettre en place une mécanique imposante pour convaincre les indécis, notamment au sein du parti de l’AKP. Dimanche, jour anniversaire de Recep Tayyip Erdogan, sera aussi celui de la première d’un film hagiographique sur la vie du président turc. S’il ne s’agit pas officiellement d’un événement de la campagne, c’est une coïncidence qui tombe très bien pour l’équipe du président turc.