Une dizaine de navires et d'avions européens sont mobilisés à tour de rôle au large des côtes de la Libye. Mais les départs de migrants sont toujours plus nombreux, même en plein hiver comme en ce moment. Le député socialiste Jean-David Ciot s'interroge sur l'efficacité de l'opération Sophia :
« Aujourd'hui, investir douze millions d'euros pour arrêter cent personnes pose une vraie difficulté. L'opération Sophia, heureusement, était là pour récupérer toutes les personnes qui sont abandonnées en mer. Mais ce n'était pas sa mission première. L'opération Sophia crée du coup un appel d'air puisqu'on a des passeurs qui mettent à l'eau des bateaux avec juste assez d'essence pour sortir des eaux territoriales, considérant qu'après, c'est le problème des navires, civils ou militaires, qui sont dans la zone, de récupérer les personnes. »
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Pour un amiral français, préférant garder l'anonymat, Sophia est même devenue un « aimant à migrants ». Aujourd'hui, les navires de guerre européens ne sont pas autorisés à pénétrer dans les eaux territoriales libyennes. Les plages de départ sont pourtant identifiées avec précision depuis deux ans. Pour le rapporteur, il faut pouvoir se rapprocher des côtes.
« On doit pouvoir intervenir dans les eaux libyennes, sinon on ne réglera pas la question qui est celle de la sécurité et celle de la lutte contre les trafics de personnes », souligne-t-il.
Alors que les 89 premiers garde-côtes libyens ont reçu leurs diplômes « européens » hier à Malte, l'Union européenne prône aussi une solution à terre, permettant d'améliorer les conditions de vie. L'UE évoque à présent un renforcement de la coopération avec les autorités libyennes pour permettre à l'Office international des migrations (OIM) et au Haut Commissariat des Nations unies (UNHCR) d'avoir accès aux migrants directement sur le sol libyen ; voire en prenant en compte le phénomène migratoire bien en amont, au Sahel et au Sahara.