Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne
Le tribunal de Kirov juge depuis quelques jours Alexeï Navalny pour détournement de fonds. Cette affaire est rejugée en première instance, après que la condamnation ait été annulée par la Cour suprême de Russie.
C'est précisément cette condamnation à 5 ans de prison avec sursis qui avait déjà valu à la Russie d'être condamnée par la CEDH il y a un an. L'opposant se retrouvait privé de ses droits civiques, et la Cour de Strasbourg avait alors jugé que l'on pouvait craindre que cette condamnation ne soit de nature politique. La Cour suprême russe a donc annulé la condamnation, mais elle n'a pas annulé la procédure, renvoyant l'opposant en première instance. Alexeï Navalny est donc à nouveau jugé devant le même tribunal.
Et c'est à ce moment-là que la Cour européenne des droits de l'homme émet un nouvel arrêt contre la Russie, concernant également Alexeï Navalny. La CEDH estime que l'opposant, interpellé sept fois au cours de rassemblements pacifiques entre 2012 et 2014, a subi des « arrestations disproportionnées » et des « privations de liberté arbitraires ».
C'est un nouveau coup contre la justice russe, alors que l'opposant craint d'être privé de la possibilité de se présenter à l'élection présidentielle en 2018. Le Kremlin, interrogé sur l'éventuelle volonté du pouvoir d'éliminer un candidat, a déclaré qu'on n'était pas encore en campagne électorale.