Des masses d’air polaire descendues de Scandinavie ont provoqué un épisode glacial sur l'Europe centrale. A Moscou, les températures sont tombées à -30 degrés. En Pologne, elles sont descendues en dessous de -20 degrés. Une tempête de neige a paralysé la ville, les autoroutes et l’aéroport d’Istanbul en Turquie, provoquant l’annulation de près de mille vols.
En Bulgarie, les corps de deux migrants clandestins irakiens ont été découverts gelés par des villageois dans une forêt, près de la frontière avec la Turquie. Plusieurs régions restent coupées du reste du pays, d'autres sont sous alerte de températures très basses.
Les autorités grecques avaient annoncé le mois dernier avoir relogé tous les migrants et réfugiés dans des maisons préfabriquées et des tentes chauffées, mais il faisait 0°C samedi à Athènes et jusqu'à -15°C dans le nord du pays.
Des migrants « abandonnés » par les gouvernements serbes et hongrois
La vague de froid s’est également abattue sur les Balkans avec des températures atteignant -27°C dans des régions montagneuses en Bosnie et dans le sud-est de la Serbie. L'ONG Human Rights Watch alerte sur la situation des migrants en Hongrie et en Serbie, et dénonce leur abandon par les autorités.
« Le gouvernement a envoyé une lettre ouverte aux associations présentes à Belgrade pour leur dire qu'à moins d'être dans les camps, elles ne peuvent distribuer aucune aide. Mais les associations n'ont aucun accès aux camps donc, en fait, le gouvernement les empêche d'aider les gens qui sont dans des entrepôts ou d'autres endroits de Belgrade », signale Lydia Gall, chercheuse à Human Rights Watch.
Condamnés à rester dans le froid, ils brûlent ce qu’ils trouvent pour se réchauffer. « Médecins sans frontières a proposé d'installer des camps d'hiver, mais le gouvernement ne leur a jamais répondu et il ne fait rien par lui-même. C'est juste une question de temps avant que des gens commencent à mourir », s’alarme Lydia Gall.
En Serbie, les migrants dans des entrepôts abandonnés
Ce sont des entrepôts abandonnés, situés derrière la gare de chemin de fer, à Belgrade : 2000 migrants originaires d'Asie et du Moyen-Orient s'entassent là, sans eau, ni électricité, et souvent sans fenêtres, rapporte notre correspondant à Belgrade Laurent Rouy. Il y a là des hommes jeunes ou des adolescents mineurs. Les femmes et les enfants ont été placés dans des camps de réfugiés officiels où les conditions de vie sont infiniment meilleures. A Belgrade la nuit dernière, il a fait -16°. Pour survivre, les réfugiés improvisent des feux de camp, alimentés par des traverses de chemin de fer. L'ONG Médecins sans frontières a également distribué plusieurs milliers de couvertures et a installé des canons à chaleur dans le bâtiment, qui maintiennent la température à moins un degré. Il arrive qotidiennement 60 nouveaux migrants dans ces hangars abandonnés, et MSF négocie avec le gouvernement que 1000 nouvelles places soient créees, sans succès pour l'instant. S'il n y a pas eu de décès à Belgrade, 7 migrants sont morts à la frontière Est ces jours-ci, alors que la vague de froid devrait durer encore au moins deux semaines.
En France, le dispositif pour les sans-abri jugé insuffisant
Trente-deux départements du nord de la France ont été placés en alerte orange neige-verglas pour la nuit de samedi à dimanche. L'Ile-de-France en fait partie. En raison de cette période exceptionnelle, la préfecture de Paris a annoncé une quarantaine de places supplémentaires en hébergement d'urgence. La situation des sans-abri, en première ligne durant ce pic de froid, préoccupe les associations. Elles estiment que le dispositif mis en place est insuffisant.
Les gymnases et salles des fêtes ont été réquisitionnés. L'accueil n'est que temporaire. Ces hébergements d'urgence n'ouvrent leurs portes qu'en fin d’après-midi. Après une douche et un repas chaud, les personnes accueillies peuvent dormir sur place, mais elles sont réveillées à 6h30 et doivent partir après le petit-déjeuner à 8h30.
Mais les laissés-pour-compte restent nombreux. Selon la Fédération d'associations de solidarité, seule la moitié des personnes composant le numéro d'urgence du 115, sont prises en charge. Le nombre d'hébergements d'urgence a pourtant été revu à la hausse. Emmanuelle Cosse, la ministre du Logement, a indiqué la semaine dernière qu'il était passé de 80 000 à 128 000 places au cours des quatre dernières années.