Avec notre correspondant à Varsovie, Damien Simonart
Le cercueil blanc de Lukasz Urban disparait petit à petit sous terre dans le cimetière du village de Banie tandis qu'au loin un concert de klaxons retentit. Plusieurs dizaines de chauffeurs routiers sont garés devant le cimetière et rendent hommage à leur façon à leur collègue décédé.
Parmi eux, Krzysztof qui avait croisé Lukasz Urban à plusieurs reprises. « C'est la tradition, c'est comme ça qu'on dit adieu à des collègues disparus, dit-il. C'est bouleversant, c'est quelqu'un qui meurt, qui était jeune. Il n'aurait pas dû mourir mais il nous a quittés. Il laisse un fils, une femme et il avait encore de belles années à vivre. »
Très émus par la mort de Lukasz, les habitants de Banie n'ont pas tous pu rentrer dans l'église pour les obsèques. Dehors, des centaines de personnes tiennent des bouquets de fleurs et quelques larmes s'échappent mais d'autres sont en colère.
Kamil, la trentaine, pense que son ami Lukasz serait encore en vie si l'Europe n'avait pas ouvert ses portes aux migrants. « C'est dur de parler d'émotions. C'est plutôt une tragédie qui résulte de la politique irresponsable de la chancelière allemande Angela Merkel et qui nous retombe dessus. »
Avant le 19 décembre, les Polonais se sentaient plutôt à l'abri d'attaques terroristes. Mais l'attentat de Berlin et la mort de leur compatriote les a brusquement ramenés à la réalité.