Attentat de Berlin: la Pologne entre émotion et refus des migrants

La Pologne est également touchée par l'attentat de lundi soir à Berlin puisque la première victime du terroriste a été le chauffeur polonais du camion. Quelles sont les réactions en Pologne à la suite de ce nouvel attentat ? Eclairages de notre correspondant à Varsovie.

L'émotion est grande en Pologne. Pour les Polonais, l'attentat de Berlin est différent des précédents, en France ou ailleurs pour deux raisons. D'abord, parce que Berlin n'est situé qu'à 80 km de la frontière polonaise que que c'est la première fois qu'un attentat de Daech est commis aussi près du territoire polonais. Et bien évidemment, il y a le choc lié au fait qu'une des victimes soit polonaise : un père de famille de 37 ans, marié. Selon son patron qui était aussi son cousin, le chauffeur du camion voulait à tout prix rentrer au pays jeudi soir pour acheter un cadeau de Noël à sa femme. D'après la police, le camionneur s'est défendu avant de mourir. La fédération des routiers polonais, très touchée, a ouvert une cagnotte pour venir en aide à la famille.

Les migrants dans le collimateur de la Pologne

Le pouvoir conservateur polonais est très méfiant à l'égard des migrants musulmans. L'attentat de Berlin a été aussi l'occasion pour Varsovie de réaffirmer sa position. En présentant ses condoléances au peuple allemand, la Première ministre polonaise Beata Szydlo a déclaré que «l'Europe doit prendre des mesures efficaces pour défendre ses citoyens, c'est un devoir». Venant de Varsovie, on sait ce que ce message veut dire. Il ne faut pas laisser entrer des migrants musulmans en Europe. Sous le précédent gouvernement libéral, la Pologne s'était engagée à accueillir 7 000 migrants dans le cadre d'un partage européen. Mais les conservateurs, qui sont arrivés au pouvoir il y a un an, s'y sont finalement opposés. A l'époque, la Pologne a été montrée du doigt pour cette décision mais aujourd'hui, après ce nouvel attentat, c'est Angela Merkel qui est sous le feu des critiques.

L'Allemagne montrée du doigt

Mais tout les responsables politiques n'ont pas été aussi diplomates que la Première ministre polonaise. Effectivement, quelques heures à peine après l'attentat de Berlin, la porte-parole du parti conservateur polonais Droit et Justice, Beata Mazurek, a tweeté « Est-ce que le Parlement européen ne devrait pas enfin s'occuper de la situation en Allemagne ? ». Ce tweet fait référence aux nombreux débats à Strasbourg sur le thème de l'Etat de droit en Pologne. Une situation incomparable et une comparaison osée. La porte-parole du PiS a depuis effacé son tweet mais il a provoqué un tollé. Même le porte-parole du président polonais a reconnu que c'était très maladroit. Mais cela reflète bien l'état d'esprit de ce gouvernement nationaliste polonais.

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