Avec AFP et notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette
Pour la première fois depuis 132 nuits, Asli Erdogan ne va pas dormir en prison ce soir. Les charges de propagande terroriste et d’appartenance à un groupe terroriste sont maintenues mais la romancière a été placée en liberté conditionnelle ce 29 décembre, au premier jour de son procès.
C'est aussi le cas de la linguiste Necmiye Alpay et de Zana Kaya, ancien rédacteur en chef du quotidien Ozgür Gündem, fermé par décret-loi en octobre car accusé de propagande terroriste pour le compte de la rébellion kurde.
Pour les dizaines de personnes qui soutenaient Asli Erdogan aujourd’hui au tribunal il s'agit de la bonne nouvelle de cette première journée de procès. L’incarcération d’Asli Erdogan était d’autant plus inquiétante que sa santé est fragile et les conditions de détention difficiles.
Devant le tribunal le député du parti d’opposition CHP, Baris Yarkadas, a évoqué un « scandale judiciaire ». « Asli Erdogan et Necmiye Alpay ont passé 132 jours en prison sans raison valable, rien que pour le plaisir de certains, a-t-il déclaré. Deux autres inculpés n’ont même pas pu assister à leur procès aujourd’hui parce que les fonctionnaires n’ont pas pu les amener ici au tribunal ou ils ont oublié de le faire. Ce n’est pas un scandale, c’est une série de scandales ».
Nouvelle arrestation d'un journaliste
Reste que rien n’est réglé : le procès va se poursuivre. Les prochaines audiences sont prévues le 2 janvier.
Ironie de l’histoire : alors qu’Asli Erdogan est désormais au moins temporairement libérée, un journaliste important, Ahmet Sik, a été lui placé en garde à vue ce matin, pour un simple tweet publié sur son compte.
L'autre journaliste, Inan Kizilkaya, est maintenu en détention. Toutes les charges sont maintenues pour le moment et le procès suit son cours. Les accusés risquent la prison à vie.
Asli Erdogan, la plus connue des accusés, bénéficie d'une vague importante de soutiens en Turquie et dans le monde occidental.