Avec notre correspondant à Kiev, Stéphane Siohan
Après sa libération en mai dernier, après deux ans passés dans les prisons russes, Nadia Savtchenko a détonné dans le paysage politique. Le discours de l’ancienne pilote et lieutenant de l’armée ukrainienne teinté de patriotisme, d’anticonformisme et de défiance envers l’establishment, fait d’elle la personnalité préférée des Ukrainiens.
L’état de grâce sera cependant extrêmement bref. Dès l’été, la jeune femme au nationalisme ombrageux se fend de déclarations pour le moins surprenantes, où elle plaide pour le pardon envers les séparatistes.
Un agent politique du Kremlin ?
Stupéfaite, l’opinion publique est partagée : certains estiment que Savchenko souffre de troubles psychologiques, et d’autres craignent qu’elle ait été retournée par les Russes. Cet automne, la jeune femme multiplie les initiatives à l’emporte-pièce. Son discours sur le conflit adopte les éléments de langage du Kremlin, et en décembre, sans aucun mandat politique, elle rencontre à Minsk les deux leaders séparatistes des républiques auto-proclamées de Donetsk et de Lougansk.
Dès que l’affaire est révélée, le crédit politique de Nadia Savtchenko s’effondre et la jeune députée doit quitter le parti de Ioulia Timochenko. Désormais, la pilote a décidé de voler de ses propres ailes et de chambouler le paysage politique en lançant son propre parti en opposition au président Petro Porochenko, mais son étoile s’est éteinte, car l’opinion s’est retournée contre elle.